L’Agence de l’eau RMC accompagne les agriculteurs dans la préservation de la biodiversité
Dans une région marquée par la diversité de ses productions agricoles et une forte pression sur la ressource en eau, Nicolas Mourlon, directeur de la délégation Rhône-Alpes à l’Agence de l’eau Rhône-Méditerranée Corse, appelle les agriculteurs à poursuivre leur engagement dans la transition agroécologique. À travers le 12e programme (2025-2030), l’Agence renforce son accompagnement financier et technique, misant sur le conseil, les économies d’eau, la réduction des intrants et la préservation des milieux. Un cap stratégique qui place les exploitants au cœur des solutions.

Quelle est la particularité agricole du bassin Rhône-Méditerranée ?
L’agriculture occupe près de 40 % du territoire du bassin Rhône-Méditerranée. Elle entretient des liens étroits avec la ressource en eau et les milieux aquatiques. En volume, c’est le troisième usage de l’eau après la production énergétique, après l’eau potable et devant les usages industriels. Ce territoire se caractérise par une grande diversité d’orientations agricoles. La viticulture y est très présente, du Jura à la vallée du Rhône, en passant par tout le pourtour méditerranéen et la Corse. L’élevage est bien présent dans tout le territoire. Les céréales se concentrent dans la plaine de Lauragais, l’Ain ou la région de Dijon.
Nous avons affaire à une agriculture à forte valeur ajoutée, avec une proportion importante de productions sous signe de qualité, notamment en viticulture et en élevage. Certaines régions, comme la Corse, la région Provence-Alpes-Côte d’Azur ou l’Occitanie, présentent aussi des taux élevés d’agriculture biologique, parmi les plus importants à l’échelle nationale. Autre spécificité du bassin : une structuration ancienne autour de la gestion de l’eau, avec des aménagements hydrauliques parfois très anciens, mais toujours fonctionnels.
En termes d’usages de l’eau, la moyenne 2010-2019 de prélèvement donne 1,5 milliard de m3 pour l’eau potable, 1,2 milliard de m3 pour l’agriculture, 0,8 milliard de m3 pour l’industrie et 11,8 milliards pour l’énergie.
Quelles sont vos actions dans le cadre du futur programme de l’Agence ?
Nous avons bâti notre stratégie autour de trois axes : la quantité, la qualité ainsi que la biodiversité et les milieux aquatiques. 390 M€ sont alloués à l’agriculture dans le 12e programme 2025 - 2030, contre 306 M€ dans le onzième programme, entre 2019 et 2024. Sur le volet quantitatif, il s’agit de poursuivre les efforts d’économie d’eau, en allant au-delà de la seule amélioration des systèmes d’irrigation. Nous encourageons aussi une transformation plus structurelle des systèmes d’exploitation pour qu’ils soient moins dépendants de la ressource. Le 11e programme avait mobilisé 76 M€ sur ce sujet. Nous prévoyons d’en consacrer 120 M€ dans le prochain programme, qui s’étendra de 2025 à 2030.
Concernant la qualité, nous concentrons notre action sur la réduction des pollutions diffuses agricoles. Cela passe par le soutien à l’agriculture biologique, aux mesures agro-environnementales, à l’animation autour des captages, ou encore à l’accompagnement des filières à bas niveau d’intrants. Dans le onzième programme, 230 M€ ont été mobilisés pour améliorer la qualité de l’eau liée à l’agriculture, dont 163 M€ spécifiquement dédiés aux changements de pratiques. Ces ordres de grandeur seront reconduits dans le douzième programme.
Enfin, nous accompagnons les agriculteurs dans leur rôle de préservation de la biodiversité et des milieux aquatiques. L’agriculture façonne les paysages et peut jouer un rôle positif pour les zones humides, les corridors écologiques, ou encore la qualité des milieux. Sur ce volet, 32 M€ ont été investis dans les MAEC zones humides. Dans le 12e programme, 24 M€ seront alloués aux MAEC des zones humides. L’agence reconduira une deuxième expérimentation de paiements pour services environnementaux. Un nouvel appel à projets sera lancé en 2025, en tenant compte du retour d’expérience des PSE en cours. L’enveloppe de l’appel à projet devrait être de l’ordre de 50 M€.
Qu’attendez-vous du monde agricole dans cette transition ?
J’attends d’abord qu’il reste engagé. Le monde agricole est un acteur incontournable de la gestion de l’eau. Il est d’ailleurs très présent dans les démarches territoriales comme les Projets de territoire pour la gestion de l’eau (PTGE), avec près de 70 PTGE signés sur le bassin, soit une part très significative à l’échelle nationale. Le rôle des agriculteurs est essentiel dans la construction de ces projets : ils participent à la définition des besoins, au choix des cultures, à la gouvernance des restrictions et aux décisions sur les projets de substitution. J’attends aussi qu’ils conservent une vision stratégique de leurs pratiques, en lien avec la disponibilité locale de la ressource, et qu’ils continuent d’être des moteurs du dialogue territorial.
Concepts clés et définitions : #Agriculture biologique