Crédits nature : un nouveau levier de financement privé pour l’agriculture et la forêt durables
La Commission européenne planche sur la création de « crédits nature » pour canaliser les investissements privés vers la préservation de la biodiversité, en lien avec les activités agricoles et forestières. Une feuille de route se dessine d’ici à 2027.

Vers une économie plus respectueuse de la nature
Face au déficit de financement de la biodiversité, la Commission européenne propose un nouvel outil : les crédits nature. Inspirés du modèle du marché carbone, ces crédits visent à valoriser financièrement les services rendus par la nature - tels que la séquestration du carbone, la pollinisation ou la préservation des sols - tout en maintenant les objectifs de sécurité alimentaire et de multifonctionnalité des forêts.
Sans prétendre combler à eux seuls le manque de ressources, ces crédits pourraient renforcer la résilience écologique et économique des territoires en complétant les instruments existants.
Un marché à structurer pas à pas
Le développement de ce marché repose sur plusieurs étapes clés. D’abord, il s’agit de fédérer les acteurs concernés - agriculteurs, forestiers, ONG, entreprises et investisseurs - autour d’une vision partagée. Ensuite, la Commission souhaite établir des méthodologies robustes, simples et transparentes, pour éviter tout risque d’écoblanchiment.
La création d’un cadre de gouvernance fiable, la stimulation de l’offre et de la demande, et l’identification des projets pilotes locaux figurent également au programme. Car la biodiversité s’exprime avant tout à l’échelle locale, ce qui impose un ancrage territorial fort avant toute extension.
Une feuille de route 2025-2027 déjà lancée
Dès 2025, un appel à manifestation d’intérêt sera lancé et un groupe d’experts réunira des spécialistes issus des secteurs agricoles, forestiers, financiers et associatifs. En parallèle, les États membres seront invités à partager leurs bonnes pratiques.
En 2026, des méthodologies sur l’agriculture du carbone intégrant des bénéfices pour la biodiversité verront le jour dans le cadre du CRCF (cadre réglementaire européen). Le groupe d’experts devra également proposer des critères techniques pour bâtir une base méthodologique commune.
Enfin, en 2027, la Commission proposera un cadre européen de gouvernance et de certification, ouvrant la voie à une structuration progressive des marchés de la nature.
Ce chantier ouvre de nouvelles perspectives d’accompagnement et de valorisation des pratiques agricoles et forestières durables. Le développement des crédits nature pourrait constituer un levier complémentaire de financement pour les exploitants, tout en répondant aux attentes croissantes des marchés en matière de traçabilité environnementale.