PAC 2023-2027 : les leviers pour préserver les prairies permanentes
Dans un rapport récent, le CGAAER analyse les mécanismes mis en œuvre dans la nouvelle PAC pour encourager le maintien des prairies permanentes. Il met en lumière des mesures réglementaires, économiques et techniques qui mobilisent autant les agriculteurs que leurs conseillers.

Souvent considérées comme les alliées naturelles de la biodiversité, du carbone et de l’eau, les prairies permanentes sont au cœur des engagements environnementaux de la nouvelle PAC. Encore faut-il que les agriculteurs aient les moyens — techniques, économiques et réglementaires — de les maintenir durablement. Un rapport du CGAAER dresse le tableau des leviers disponibles, et de ce qu’ils impliquent sur le terrain.
Un cadre réglementaire renforcé pour freiner la régression
Au cœur de la PAC 2023-2027, la conditionnalité renforcée impose un suivi annuel du ratio de prairies permanentes à l’échelle régionale ou nationale. Lorsque ce ratio chute de plus de 2,5 % ou 3 % par rapport à sa référence, des restrictions s’enclenchent. Il devient alors nécessaire d’obtenir une autorisation administrative pour convertir une prairie en culture. En cas de baisse supérieure à 5 %, une obligation de réimplantation est même prévue, ciblant d’abord les exploitants qui auraient retourné leurs prairies sans autorisation. Ces garde-fous visent à enrayer la disparition progressive de surfaces essentielles aux équilibres agroécologiques.
Un soutien financier via les MAEC et les écorégimes
Le rapport souligne également le rôle central des mesures agro-environnementales et climatiques (MAEC). En contractualisant, les agriculteurs peuvent percevoir des aides pour maintenir ou améliorer la gestion de leurs prairies. Ces dispositifs valorisent notamment les pratiques extensives et respectueuses de l’environnement. À cela s’ajoute l’accès aux écorégimes, dont certains niveaux dépendent directement de la proportion de prairies ou d’infrastructures agro-écologiques (IAE) présentes sur l’exploitation. Plus cette part est élevée, plus les aides associées sont conséquentes. Le message est clair : la prairie devient un levier économique aussi bien qu’environnemental.
Une certaine souplesse dans la gestion, sous conditions
Le rapport reconnaît toutefois la nécessité d’adapter la réglementation à certaines réalités de terrain. Des exemptions ciblées sont possibles concernant le non-labour des prairies sensibles, notamment pour les exploitations majoritairement herbagères ou confrontées à des infestations de campagnols. Cette flexibilité, encadrée par des critères stricts, permet de concilier les objectifs environnementaux avec les contraintes agronomiques locales.
Pour les agriculteurs, maintenir leurs prairies permanentes ne relève plus seulement de la bonne pratique, mais devient un enjeu stratégique. Le respect des règles conditionne l’obtention des aides PAC, tandis que les MAEC et écorégimes apportent une source de revenu complémentaire. La prairie contribue aussi à l’autonomie fourragère, limite les achats d’aliments extérieurs, et sécurise la production en période de sécheresse. Quant aux conseillers, ils ont un rôle central à jouer dans l’accompagnement de ces transitions : interprétation des nouvelles règles, élaboration de contrats MAEC, ou mise en place de pratiques favorables à la biodiversité. Leur expertise devient un facteur clé de succès et de différenciation.
En encourageant une gestion durable des prairies, la PAC offre une double opportunité : construire des systèmes agricoles plus résilients, et renforcer la valeur du conseil technique sur le terrain. À mesure que les enjeux climatiques et économiques s’intensifient, les prairies permanentes pourraient bien devenir l’un des piliers les plus stratégiques de l’élevage français.