Cavac, NatUp, Soufflet, Terrena et Val de Gascogne, ensemble pour massifier l’agroécologie
Par Stéphanie Ayrault | Le | Projets de territoire
Cavac, NatUp, Soufflet Agriculture, Terrena et Val de Gascogne, avec Pour une agriculture du Vivant, s’engagent à massifier l’agroécologie à travers des coalitions territoriales public-privé. Avec le soutien financier de l’état via le programme France 2030, le projet Covalo réunit 5 000 agriculteurs autour d’une démarche innovante alliant outils partagés, financements collectifs et gouvernances territoriales adaptées. Explications avec Nina Bigaud, responsable du déploiement de la stratégie de PADV.

Quels sont les objectifs de Covalo ?
Nous voulons créer des coalitions territoriales public-privé, comme nouveau modèle de coopération pour accélérer la transition.
L’objectif central de Covalo est clair : massifier l’agroécologie tout en structurant cette transition à grande échelle. Cette ambition repose sur une approche multi-filières, car l’agriculture couvre une grande diversité de productions et qu’il est essentiel de valoriser la démarche d’ensemble au niveau de chaque ferme. Cependant, cette transition vers des pratiques agroécologiques implique des coûts et des risques significatifs. Pour que ce changement soit viable, un soutien financier et technique est indispensable. Il est important de chiffrer précisément les surcoûts liés aux investissements nécessaires et de déterminer comment les sécuriser. Une analyse des risques montre qu’ils ne peuvent pas être entièrement supportés par un seul acteur, qu’il soit public ou privé. Les collectivités locales, les filières agricoles et des partenaires financiers doivent donc tous jouer un rôle dans cet accompagnement.
Nous voulons créer des coalitions territoriales public-privé, comme nouveau modèle de coopération pour accélérer la transition grâce à trois innovations majeures portées par l’intelligence et l’action collective de ces coalitions :
- La consolidation d’un socle commun d’outils autour de l’indice de régénération pour mutualiser les coûts et sécuriser les trajectoires de transition agroécologique et bas-carbone.
- La création de nouveaux schémas de financement collectifs pour partager les investissements, les risques et créer de la valeur dans une logique de collaboration sans précédent des acteurs agroalimentaires, des acteurs financiers, et des acteurs publics.
- La mise en place de gouvernances territoriales collaboratives, pour pérenniser le dispositif, répondre aux besoins spécifiques de chaque territoire et simplifier les processus de contractualisation entre l’amont et l’aval.
À l’exception de celle des Hauts-de-France, conduite par Pour une Agriculture du Vivant, ces coalitions territoriales sont portées par la Cavac, NatUp, Soufflet Agriculture, Terrena et Val de Gascogne, des acteurs pionniers de la collecte et de la première transformation sur leur territoire respectif.
Quels sont les financements ?
Doté d’un budget global de près de 11 millions d’euros, dont 5,5 millions de financements publics, ce projet bénéficie d’un soutien significatif.
Dans le cadre de l’appel à projet de France 2030, Pour une Agriculture du Vivant a répondu en collaboration avec les cinq coopératives partenaires. En juin 2024, BPI France a donné son accord, permettant au projet de démarrer officiellement en septembre 2024. Doté d’un budget global de près de 11 millions d’euros, dont 5,5 millions de financements publics, ce projet bénéficie d’un soutien significatif. Les coopératives et négoces participants engagent également des montants financiers très importants pour soutenir cette transition.
Le projet vise à engager 5 000 agriculteurs, dont 2 000 agriculteurs dans les Hauts-de-France et 3000 pour les coopératives.
Où en êtes-vous ?
Les distributeurs agricoles jouent également un rôle clé dans cette phase initiale.
La première phase, actuellement en cours, consiste à réaliser un état des lieux détaillé. Covalo part des spécificités propres à chaque territoire pour construire une démarche adaptée. Cela inclut une analyse des politiques publiques locales et un examen de l’état d’avancement de l’agroécologie dans chaque région.
Les distributeurs agricoles jouent également un rôle clé dans cette phase initiale. Ils réalisent des diagnostics sur leurs territoires afin d’identifier :
- les structures agricoles locales pouvant s’associer au projet,
- les productions déjà couvertes par les coopératives,
- la nécessité éventuelle d’aller chercher de nouveaux marchés,
- les offres d’accompagnement technique et financier existantes,
- le potentiel bas carbone des territoires,
- la possibilité de mettre en place une coalition d’acteurs locaux pour financer la transition.
Certains acteurs de l’aval manifestent un fort intérêt pour les démarches bas carbone. Toutefois, Covalo veille à ce que ces initiatives soient cohérentes avec les objectifs agroécologiques, en mobilisant des compétences solides pour accompagner les agriculteurs vers des pratiques adaptées.
Un outil central dans cette phase est l’indice de régénération, qui permet d’évaluer le niveau d’avancement des pratiques agroécologiques des agriculteurs. Cet indice constitue un socle commun de pilotage de la transition agroécologique, facilitant la démarche et évitant que chaque structure ne développe son propre cahier des charges.
Quelle sera la suite ?
L’objectif est d’assurer que d’ici 2028, les 5000 agriculteurs engagés aient pleinement adopté les pratiques agroécologiques visées.
L’année 2025 sera consacrée à la réalisation de l’état des lieux et à la constitution des coalitions. L’année 2026 s’attachera aux modalités de soutien financier et technique. Cette phase inclut plusieurs enjeux majeurs : déterminer qui finance quoi, équilibrer le budget de manière juste et transparente, évaluer les impacts agroécologiques des pratiques mises en place, fournir aux filières des outils de simulation permettant de mesurer ces impacts et d’optimiser les offres d’accompagnement. Ce travail est essentiel pour garantir que les solutions proposées soient suffisamment incitatives, tant sur le plan financier que technique.
L’objectif est d’assurer que d’ici 2028, les 5 000 agriculteurs engagés aient pleinement adopté les pratiques agroécologiques visées. Covalo s’inscrit dans une dynamique collaborative, rassemblant coopératives, agriculteurs, acteurs publics et privés. L’ambition est non seulement de massifier l’agroécologie, mais aussi de créer de véritables coalitions capable de financer et d’accompagner cette transition.