Agrotendances

Biocontrôle : les acteurs du secteur dévoilent leurs ambitions au Sival 2025

Par Stéphanie Ayrault | Le | Protection des cultures

Le village du biocontrôle, animé par Alliance Biocontrôle, a rassemblé huit sociétés, au Sival, le Salon des productions végétales spécialisées qui s’est tenu du 14 au 16 janvier 2025 à Angers. D’autres acteurs majeurs du secteur, notamment rattachés à France Biocontrôle, étaient également présents au salon, témoignant de l’effervescence et des dynamiques qui animent ce marché en plein essor. Entre innovations technologiques, ambitions à l’export, synergies entre biocontrôle et biostimulants, et l’accompagnement des distributeurs, les entreprises partagent leurs perspectives, leurs défis et leurs succès. Tour d’horizon des stratégies et des tendances.

Biocontrôle : les acteurs du secteur dévoilent leurs ambitions au Sival 2025
Biocontrôle : les acteurs du secteur dévoilent leurs ambitions au Sival 2025

Michelle Beltran, responsable marketing et communication d’Action Pin

Michelle Beltran, Action Pin - © S.Ay.
Michelle Beltran, Action Pin - © S.Ay.

« Nous continuons sur notre ADN : la technologie terpène de pin est au cœur de notre savoir-faire et nos produits sont biosourcés.

Notre technologie permet de réduire les doses de produits phytosanitaires, ce qui est de plus en plus important pour les agriculteurs. Nous cherchons à optimiser le mode d’emploi et à mieux protéger l’utilisateur.

Nous voulons développer des synergies entre notre pôle hygiène et notre pôle agricole en 2025 et 2026. Nous allons continuer à nous développer à l’export sur le marché européen. »

Pauline Vuillecard, responsable communication de Philagro

Pauline Vuillecard, Philagro - © S.Ay.
Pauline Vuillecard, Philagro - © S.Ay.

« Les solutions de biocontrôle pèsent 10 % de notre chiffre d’affaires, avec des produits phares à base de Bt, mais également des régulateurs de croissance pour l’arboriculture et le maraîchage. Nous investissons également dans les biostimulants.

Depuis 2024, nous avons une personne sur le terrain dédiée au développement des biosolutions en France, Samuel Canu. »

Géraldine Hey, ingénieur développement et marketing Centre-Ouest Rovensa Next

Géraldine Hey et Emma Dodart, Rovensa Next - © S.Ay.
Géraldine Hey et Emma Dodart, Rovensa Next - © S.Ay.

« Nous avons deux dossiers en attente d’homologation en pommes de terre, céréales et vigne pour une commercialisation en 2026. Nous avons à cœur de développer le biocontrôle dans les années futures. »

Adeline Infray, responsable marketing et communication Koppert

Adeline Infray, Koppert - © D.R.
Adeline Infray, Koppert - © D.R.

« Notre chiffre d’affaires en 2024 s’élève à 14 M€, contre 15 M€ en 2023, 100 % en biocontrôle en France. La France est le marché qui se développe le plus sur les cultures de plein champ. Nous avons une gamme grandes cultures depuis septembre 2024.

Le groupe se structure en termes de région. La France va faire partie de l’Europe du Sud : des synergies vont se mettre en place.

Par ailleurs, Acadian Plant Health et Koppert ont signé un accord de distribution élargi couvrant l’Europe, le Moyen-Orient et l’Afrique, s’appuyant sur une collaboration déjà existante en Amérique du Nord et du Sud, notamment au Brésil et aux Etats-Unis depuis 2022. Le partenariat commence par la France, avec un biostimulant d’Acadian qui va être commercialisé par Koppert en France à partir de mars 2025 sur les grandes cultures.

Le marché français du biocontrôle continue de croître, malgré la complexité à faire bouger les mentalités. Dès qu’il y a une crise, il y a une tendance à revenir sur les basiques, mais ceux qui sont convaincus ne reviennent pas en arrière. »

Mathieu Bounes, directeur de De Sangosse France

L’équipe de De Sangosse - © D.R.
L’équipe de De Sangosse - © D.R.

« Le marché a été chahuté en 2024, du fait du contexte agricole, de la pression en maladie et de la générisation de certaines solutions conventionnelles. Dans certains cas, ces facteurs ont pu impacter l’attractivité des solutions de biocontrôle. Nous observons également un début de générisation sur certaines solutions de biocontrôle.

Notre CA 2023/2024 est d’environ 100 M€, en progression notamment du fait de l’utilisation plus forte des antilimaces.

Les clés restent l’accompagnement de la distribution avec des formations, des services, des OAD, des capteurs pour aider à mieux positionner les produits. L’enjeu est aussi de développer plus fortement le biocontrôle sur les grandes cultures. »

Matthieu Noël, directeur commercial et marketing de Lallemand

Matthieu Noël, Lallemand - © D.R.
Matthieu Noël, Lallemand - © D.R.

« Nous renforçons notre portfolio sur le biocontrôle avec des acquisitions récentes de spécialités et d’outil de production comme le fongicide Lalstop Contans WG (Ex Contans WG de Bayer) et l’insecticide Lalguard M52 OD( Ex Met52 EC de Novozymes). Il y a une forte attente sur le développement des gammes fongicides et insecticides. Nous travaillons des associations en programme avec des biostimulants racinaires et foliaires.

L’activité connait une forte progression dans les différents territoires européens. Le lancement récent de notre biofongicide Lalstop G46 WG constitue une nouvel outil stratégique sur le marché du botrytis, de l’oïdium et les maladies du sol avec de fortes perspectives de croissance dans toute l’Europe. »

Nathan Gaborieau, chef marché biosolutions chez Adama

Nathan Gaborieau, Adama - © D.R.
Nathan Gaborieau, Adama - © D.R.

« Le biocontrôle et les biostimulants représentent moins de 5 % de notre CA. Sur ces marchés, nous avons des focus sur la vigne, les céréales, les betteraves et les oléagineux, ainsi que sur les molluscicides.

Nous travaillons sur le développement de nouvelles matières actives de biocontrôle, avec une homologation attendue fin 2026. Notre objectif est d’atteindre 10 % de notre CA en biosolutions en 2030. »

Clémence Cantau, responsable marketing et communication d’Andermatt

Flora Limache, France Biocontrôle, Clémence Cantau et Amain Querrioux, Andermatt - © S.Ay.
Flora Limache, France Biocontrôle, Clémence Cantau et Amain Querrioux, Andermatt - © S.Ay.

« Notre CA est de 9,4 M€ en 2024, contre 8,7 M€ en 2023, 100 % en biocontrôle en arboriculture et vigne essentiellement. Nous avons encore des parts de marché à prendre. Le marché du biocontrôle est encore en croissance. Les freins sont la longueur des délais d’homologation. Nous nous développons sur le marché de la post-récolte et du traitement du grain et arrivons en grandes cultures avec nos produits à venir. Nous avons 20 produits prévus pour les cinq prochaines années. »

Fabrice Lemarchand, directeur de Vivagro

Fabrice Lemarchand, Vivagro - © S.Ay.
Fabrice Lemarchand, Vivagro - © S.Ay.

« 65 à 70 % de notre CA, qui est de 14,5 M€ en 2023/2024 contre 13 M€ en 2022/2023, est réalisé avec des solutions de biocontrôle. En 2022/2023, les stocks étaient importants. En 2024, la météo a été complexe à gérer avec une forte pression en mildiou. Nous avons fait une campagne biocontrôle France et export très bonne, car nous avons un produit antimildiou avec un mode d’action rapide. Nous sommes en train de progresser sur les usages arboricoles, nous attendons des extensions d’usages pour couvrir de nouveaux marchés insecticides.

Les distributeurs sont plus prudents sur cette campagne. Ils demandent à leurs fournisseurs de prendre le risque de couverture en produit. Nous l’entendons et nous allons nous adapter. Nous voulons renforcer notre accompagnement terrain pour convaincre la distribution de la pertinence de nos solutions.

Nous nous développons à l’export avec le recrutement de personnes : Joan Vila, depuis septembre 2024 sur la partie Sud Europe, et Bastian Zijlstra au Nord de l’Europe depuis le 6 janvier 2025. Notre objectif est d’atteindre la moitié de notre activité à l’export dans les deux à trois ans. »

Vincent Thieyre, directeur marketing CBC Biogard

Vincent Thieyre, CBC Biogard - © S.Ay.
Vincent Thieyre, CBC Biogard - © S.Ay.

« Notre gamme est 100 % en biocontrôle, avec des positions fortes en confusion sexuelle en vigne et tomate. Elle est reconnue pour sa fiabilité et son caractère innovant. Malgré les difficultés de la filière viticole, nous maintenons nos parts de marché. Nous avons accompagné nos partenaires pour passer cette période de crise et continuons la promotion de cette technique.

La pédagogie reste clé à l’heure où les arbitrages des dépenses se font. Car la pression des insectes est toujours là. Nous poursuivons nos efforts sur l’accompagnement technique tout au long de la saison. »

Annabelle Gilgen, responsable développement Amoeba

Annabelle Gilgen, Amoeba, et Jean-Luc Souche, consultant - © S.Ay.
Annabelle Gilgen, Amoeba, et Jean-Luc Souche, consultant - © S.Ay.

« Nous avons un produit en développement, Axpera. Nous essayons de nous faire connaître et de présenter ce produit qui arrivera fin 2025 / début 2026 sur le marché viticole. Nous avons réalisé les premiers tests en champ en 2019 et déposé notre dossier en 2020. »

Aline Zaborowski, chef marché vigne et arboriculture Corteva

Aline Zaborowski, Corteva - © S.Ay.
Aline Zaborowski, Corteva - © S.Ay.

« Nous restons très axés sur les biosolutions. En plus de notre positionnement historique en bioinsecticides, nous allons nous développer sur les biofongicides, les maladies de conservation et sur le botrytis en vigne.

Le marché en vigne baisse et les viticulteurs ont tout intérêt à aller vers des solutions biologiques efficaces, qui sont des alternatives de matières actives en gestion de programme, exemptes de résidus. »

Aude Colette, responsable communication Sumi Agro

Aude Colette, Sumi Agro - © S.Ay.
Aude Colette, Sumi Agro - © S.Ay.

« Comme pour tout le monde, l’année 2024 a été complexe. La distribution a eu beaucoup d’attentes et s’est montrée plus prudente. Il y a un fort besoin d’accompagnement, de prouver encore plus l’efficacité des biostimulants.

Nous avons fait une bonne année. Nous sommes stables en surface sur le marché de la confusion sexuelle, qui représente 80 % de notre CA biocontrôle. Même sur un marché de la vigne en baisse, nous progressons de 4 points. Les biosolutions représentent 40 à près de 45 % de notre CA, qui s’élève à 45 M€ en 2024, contre 43 M€ en 2023.

Nous voulons sortir des solutions plus techniques, notamment sur la vigne. Nous avons encore renforcé notre partenariat avec Agrauxine : nous commercialisons la gamme de biostimulants depuis 2023 et nous avons intégré un produit de biocontrôle en septembre 2024. »

Céline Putaggio, responsable communication Certis

Agnès Gauliard-Demaldent et Céline Putaggio, Certis - © S.Ay.
Agnès Gauliard-Demaldent et Céline Putaggio, Certis - © S.Ay.

« Les antilimaces sont le fait marquant de cette campagne hors norme et cela a été une bonne année pour le cuivre. Le biocontrôle représente environ 10 % de notre activité. Nous continuons à déployer nos solutions dans une approche combinatoire et à nous développer sur l’ensemble de nos marchés. »