Agrostratégie

Ÿnsect en grande difficulté : l’élevage d’insectes remis en question


La startup française Ÿnsect, pionnière de la production de protéines d’insectes pour l’alimentation animale et humaine, traverse une crise majeure. Fin mai, la direction a présenté un plan social drastique : seuls 35 postes seraient conservés sur les 190 que compte actuellement l’entreprise. Le site industriel de Poulainville (Somme), considéré comme la plus grande ferme verticale d’insectes au monde, cesserait ses activités d’élevage. Les représentants du personnel ont émis un avis défavorable. Le tribunal de commerce doit rendre sa décision le 16 juin.

Malgré les levées de fond, l’élevage d’insecte peine à s’imposer. - © PongMoji de Getty Images
Malgré les levées de fond, l’élevage d’insecte peine à s’imposer. - © PongMoji de Getty Images

Malgré plus de 600 millions d’euros levés depuis 2011, Ÿnsect peine à rentabiliser son modèle. En 2022, le chiffre d’affaires atteignait à peine 568 000 euros, pour près de 90 millions de pertes. À cela s’ajoutent des difficultés d’industrialisation, des retards de production et un contexte économique défavorable.

Déjà placée en procédure de sauvegarde en 2024, la société a été contrainte de demander son redressement judiciaire début 2025. Sa situation met en lumière les limites actuelles de l’agritech française à grande échelle, et plus largement, les incertitudes économiques autour des protéines alternatives.

Un modèle encore fragile pour les protéines d’insectes

Présentées comme une solution durable face aux enjeux de souveraineté protéique et de transition agricole, les protéines d’insectes peinent à s’imposer dans les filières animales. Les coûts de production restent élevés, notamment en raison des investissements nécessaires pour automatiser l’élevage et assurer la sécurité sanitaire. L’acceptabilité du produit reste également limitée : les marchés de l’alimentation animale (aquaculture, volaille, petfood) s’ouvrent lentement, tandis que l’usage en alimentation humaine reste marginal. Enfin, les entreprises du secteur doivent encore démontrer la rentabilité de leurs modèles industriels, dans un contexte de baisse des financements pour les startups. Les cas de Ÿnsect et d’Agronutris montrent que même les acteurs les plus avancés ne sont pas à l’abri des difficultés.