Agroécologie

De la paille au t-shirt : quand les résidus agricoles deviennent des fibres textiles


Face à la raréfaction du coton et à la pression sur les ressources forestières, une étude suédoise révèle le potentiel de la paille de blé et des enveloppes d’avoine comme matières premières pour produire de la viscose. Une avancée qui pourrait ouvrir de nouveaux débouchés aux résidus agricoles.

Bientôt des robes légères en paille de blé ? - © Quentin Guiot de Pexels
Bientôt des robes légères en paille de blé ? - © Quentin Guiot de Pexels

Transformer des déchets agricoles en vêtements du quotidien : une idée qui séduit à l’heure de l’économie circulaire. Et si vos prochains t-shirts étaient fabriqués à partir de paille de blé ?

Des déchets agricoles pour répondre à la crise du textile

La demande mondiale en fibres cellulosiques ne cesse d’augmenter, tandis que les surfaces cultivées en coton stagnent. Résultat : un risque de pénurie de cellulose pour l’industrie textile. Pour y répondre, des chercheurs suédois ont exploré une piste innovante : utiliser les résidus agricoles, en particulier la paille de blé et les enveloppes d’avoine, pour produire de la pâte à dissoudre, ingrédient clé de la viscose.

L’étude de Wojtasz et al (2025), publiée dans Sustainable Energy & Fuels, a testé quatre matières premières issues de l’agriculture suédoise : enveloppes d’avoine, paille de blé, pulpe de pomme de terre et pulpe de betterave. Seuls les deux premiers résidus ont donné des résultats satisfaisants, grâce à un traitement en trois étapes : prétraitement acide, cuisson alcaline et blanchiment. L’ensemble a été modélisé à l’échelle industrielle et soumis à une analyse du cycle de vie pour évaluer son impact environnemental.

La paille de blé tire son épingle du jeu avec un rendement de 45 %, contre 31 % pour l’avoine. Ce rendement supérieur permet de réduire les coûts d’équipement. Côté énergie et chimie, l’avoine est plus sobre, mais la paille reste globalement plus vertueuse environnementalement… à condition d’optimiser le procédé.

Un levier fort d’amélioration est identifié : remplacer le gaz naturel par de la vapeur issue de biomasse pourrait réduire l’empreinte carbone de 65 %.

Un impact supérieur au bois, mais un potentiel circulaire

Comparée à la pâte de bois, la solution agricole présente un impact environnemental plus élevé, en raison notamment des intrants agricoles. Toutefois, la valorisation de coproduits issus de filières existantes - comme la paille ou les enveloppes d’avoine - s’inscrit dans une logique d’économie circulaire, avec un potentiel industriel réel.

Les pâtes à dissoudre issues de paille et d’avoine permettent de produire de la viscose, une fibre textile douce, fluide et respirante. Idéale pour fabriquer des t-shirts, chemises, robes ou pyjamas, la viscose est déjà bien présente dans nos garde-robes.

Produire de la viscose à partir de résidus agricoles comme la paille de blé ou les enveloppes d’avoine offre une alternative crédible aux matières premières classiques. Si des efforts restent à faire pour améliorer les procédés et réduire les impacts environnementaux, cette filière émergente pourrait bien contribuer à construire un textile plus durable…