Agroécologie

Changement climatique et agriculture : quels impacts et quelles adaptations ?


Canicules, sécheresses, gels tardifs, ravageurs en hausse : le changement climatique bouleverse déjà les productions agricoles. Ses conséquences se traduisent par une baisse des rendements et, dans certains scénarios, par une perte de terres cultivables. Quelles sont les menaces concrètes et comment l’agriculture peut-elle s’adapter ?

Changement climatique et agriculture : quels impacts et quelles adaptations ?
Changement climatique et agriculture : quels impacts et quelles adaptations ?

Des bouleversements climatiques déjà visibles dans les champs

Le changement climatique impacte fortement les productions agricoles à travers des phénomènes extrêmes comme les canicules, les sécheresses, les gels tardifs, la salinisation ou encore l’augmentation des ravageurs et maladies. Selon le GIEC, jusqu’à 30 % des terres agricoles mondiales pourraient devenir inadaptées d’ici 2100, et la production globale de céréales a déjà reculé de près de 10 % entre 1981 et 2010.

L’évaluation de l’impact se fait grâce à des indicateurs climatiques (températures moyennes et extrêmes, pluviométrie, durée des sécheresses, déficit hydrique, rayonnement solaire), mais aussi à des indicateurs agro-climatiques et phéno-climatiques. Ces derniers croisent les variables climatiques avec les stades sensibles des cultures : nombre de jours où la température dépasse 25 °C durant la croissance des céréales, humidité du sol au moment de la floraison, ou encore vulnérabilité des élevages aux vagues de chaleur. Ces données permettent de cerner la vulnérabilité des systèmes de production, mais aussi d’identifier certaines opportunités locales, comme la possibilité de réaliser des doubles cultures dans des régions qui auparavant ne le permettaient pas.

Réinventer les pratiques agricoles face aux aléas

L’adaptation passe à la fois par la réduction des émissions et par l’évolution des pratiques agricoles. L’agriculture étant responsable d’environ 20 % des émissions de gaz à effet de serre, des leviers comme l’intégration de légumineuses dans les rotations, l’usage accru d’engrais organiques, le développement de la méthanisation ou l’agroforesterie contribuent à limiter l’impact climatique tout en favorisant le stockage de carbone dans les sols.

Parallèlement, les systèmes de production doivent être réorganisés pour faire face aux nouvelles conditions. Le choix d’espèces ou de variétés plus résistantes à la chaleur, à la sécheresse et au stress hydrique devient central. La diversification des cultures et l’allongement des rotations offrent une réponse aux risques sanitaires et économiques. Les calendriers de semis et de récolte évoluent également afin de mieux coller aux réalités climatiques. Dans le même temps, la gestion de l’eau doit être optimisée, qu’il s’agisse d’irrigation de précision, de collecte des eaux pluviales ou de paillage pour réduire l’évaporation. Les démarches agroécologiques et l’agroforesterie renforcent aussi la résilience en introduisant des haies ou des arbres qui protègent les cultures, stockent du carbone et soutiennent la biodiversité. Enfin, les outils d’aide à la décision, comme Climadiag ou AgriClim, offrent aux agriculteurs une meilleure anticipation des aléas climatiques à l’échelle locale.

Vers une agriculture plus résiliente mais incertaine

L’adaptation au changement climatique repose donc sur un ensemble de leviers qui combinent des mesures techniques à court terme et une transformation structurelle plus profonde vers des systèmes agroécologiques. Si ces approches offrent des pistes solides pour renforcer la résilience des exploitations, leur efficacité face à l’accélération du changement climatique reste entourée d’incertitudes. La sécurité alimentaire mondiale dépendra de la capacité des filières à mettre en œuvre ces stratégies dans les prochaines décennies, en conciliant atténuation, adaptation et maintien de la productivité agricole.