Écophyto 2030 : un nouvel indicateur pour mieux piloter la réduction des phytos
Réduire l’usage et les risques des produits phytopharmaceutiques de 50 % d’ici à 2030, telle est l’ambition réaffirmée du Gouvernement lors du Comité d’orientation stratégique (COS) du plan Ecophyto 2030, le 13 mai 2025. Pour accompagner cette trajectoire, l’Inrae a présenté deux propositions de refonte de l’indicateur harmonisé HRI1, jusqu’ici utilisé à l’échelle européenne pour suivre l’évolution des usages. L’objectif : construire un outil plus robuste, transparent et pertinent pour évaluer les impacts réels des phytos sur la santé et l’environnement.

Un indicateur mieux fondé scientifiquement
Jusqu’ici, l’indicateur HRI1 se fondait sur une pondération par classes de danger, jugées trop larges et arbitraires par l’Inrae. Dans son rapport remis au premier trimestre 2025, l’institut propose deux voies d’évolution : une première, a minima, corrigeant certains biais méthodologiques ; une seconde, bien plus ambitieuse, qui repose sur une base de données harmonisée pilotée par l’EFSA, intégrant les volumes vendus et la toxicité de chaque substance vis-à-vis de trois taxons représentatifs des enjeux écotoxicologiques. Cette approche permettrait une évaluation plus fine des impacts, basée sur des données scientifiques transparentes.
Des débats à venir sur les seuils et les données manquantes
Pour être pleinement opérationnel, ce nouvel indicateur nécessiterait une clarification des seuils de toxicité, notamment lorsqu’aucune valeur précise n’est disponible. L’Inrae propose d’exploiter des sources complémentaires (littérature scientifique, données industrielles) pour combler ces lacunes. La pondération entre les taxons sélectionnés pourrait également faire l’objet de discussions politiques, tout comme la prise en compte des doses réellement utilisées, via les médianes européennes.
Un indicateur parmi d’autres
L’évolution de HRI1 ne vise pas à remplacer les autres outils de suivi. Le rapport insiste sur l’intérêt de conserver des indicateurs complémentaires comme le NODU, essentiel au suivi longitudinal, ou le suivi spécifique des substances CMR (cancérogènes, mutagènes, reprotoxiques), dont l’usage a fortement diminué. Un indicateur dédié aux perturbateurs endocriniens est aussi envisagé.
Une gouvernance élargie et une méthode renouvelée
Avec 94 membres issus de tous les secteurs concernés, le COS Écophyto 2030 incarne une gouvernance élargie. La stratégie mise sur l’anticipation, la recherche d’alternatives, et le soutien aux agriculteurs. Le budget mobilisé atteint 71 M€, dont 41 M€ de l’OFB. En 2024, 28 projets du programme Parsada ont été soutenus, couvrant huit filières. À cela s’ajoutent 143 M€ d’investissements dans le cadre de la planification écologique.