Semences : « Être dans le Top 3 au niveau mondial sur la betterave, céréales et sorgho » (D. Robert, RAGT)
Avec l’acquisition de Deleplanque, RAGT semences renforce son ancrage dans la filière betteravière et affiche des ambitions claires à l’horizon 2035. Le semencier vise 20 % du marché européen de la betterave et souhaite figurer parmi les trois leaders mondiaux sur la betterave, les céréales à paille et le sorgho. Une stratégie soutenue par un investissement accru dans la recherche génétique.
« Nous visons 20 % du marché de la betterave à 2035. Nous sommes aujourd’hui aux alentours de 10 % sur le territoire européen. Dans notre plan 2035, nous avons clairement inscrit l’objectif d’être dans le Top 3 au niveau mondial sur la betterave, les céréales à paille et le sorgho. Ces trois espèces doivent porter une grande majorité de la croissance du groupe », déclare Damien Robert, directeur général de RAGT semences.
Avec l’acquisition de la société Deleplanque, le semencier RAGT a renforcé ses positions sur les semences de betteraves sucrières et compte accélérer davantage d’ici à 2035. Il prévoit d’augmenter son budget d’investissement dans la recherche à 18 % de son chiffre d’affaires.
« Nous plaçons les agriculteurs ainsi que la recherche génétique au centre de notre stratégie », indique le directeur général.RAGT semences représente 500 M€ de chiffre d’affaires dans plus de 50 pays, 1 500 salariés, 17 usines de semences, dont sept en France et 75 programmes de sélection et 29 stations de sélection sur près de 40 espèces agricoles.
Comment comptez-vous atteindre votre objectif d’être « le numéro un en génétique semencière d’ici à 2030 ». Que signifie cette ambition en matière de gains de part de marché et de présence à l’international ?
Notre ambition est bien de devenir le semencier numéro 1 en génétique présent chez les agriculteurs. Aujourd’hui, RAGT est présent sur 40 espèces. En additionnant les parts de marché de chacune des espèces, notamment sur la France, nous sommes le premier semencier en couverture de territoire génétique.
Nous visons 20 % du marché de la betterave à 2035
Nous sommes assez uniques comme groupe en détenant ce portefeuille de 40 espèces. Les parts de marché sont en revanche attachées à chacune des espèces. Nous visons, par exemple, 20 % du marché de la betterave à 2035. Nous sommes aujourd’hui aux alentours de 10 % sur le territoire européen, comprenant donc des pays hors Union européenne, comme l’Ukraine.
Dans notre plan 2035, nous avons clairement inscrit l’objectif d’être dans le Top 3 au niveau mondial sur la betterave, les céréales à paille et le sorgho. Ces trois espèces doivent porter une grande majorité de la croissance du groupe. Sur les autres espèces, l’objectif est plutôt d’être dans le top 5 européen.
Pourquoi et comment comptez-vous accélérer sur la betterave sucrière ?
La betterave est une des espèces qui valorise le mieux l’innovation, la R&D, parmi les espèces de grandes cultures. Elle est en tête de rotation en matière de profitabilité chez les agriculteurs qui la cultivent.
Proposer au plus vite des hybrides de betterave sucrière compétitifs
Nous sommes déjà numéro un en céréales à paille en Europe, et partant du principe que chaque agriculteur planteur de betterave sème des céréales à paille, la betterave fait tout son sens dans notre portefeuille.
Sur les 1 500 salariés de la division de semences, un tiers, c’est-à-dire 500, est uniquement des salariés qui travaillent dans notre filiale recherche R2n. Nous souhaitons y accélérer fortement nos investissements pour proposer au plus vite des hybrides de betterave sucrière compétitifs tant en rendement sucre qu’en tolérance aux maladies.
La jaunisse a encore en effet perturbé la campagne. Comment la recherche pourra-t-elle répondre à ce besoin ?
La loi Duplomb a restreint l’utilisation des néonicotinoïdes, spécialement en France, l’alternative génétique reste aujourd’hui une des solutions pour nous prioritaires. Nous ne disons pas qu’il n’y a pas d’autres solutions en cours, mais il est sûr que la génétique doit évoluer pour trouver des tolérances. Nous y travaillons beaucoup, tout autant que sur la cercosporiose, le SBR (Syndrome de Basse Richesse), etc.
18 % de notre chiffre d’affaires les investissements en R&D sur la betterave
Nous avons validé l’augmentation à 18 % de notre chiffre d’affaires les investissements en R&D sur la betterave. Avec cette progression, nous saturons à 100 % nos activités R&D ainsi que nos capacités en Laboratoires et en parcelles d’essais.
Pour notre plan à cinq ans, nous avons des investissements supplémentaires, qu’ils soient humains, matériels ou autres, pour aller encore au-delà.
La recherche se fait sur du temps long, mais nous avons déjà des solutions dans notre portefeuille, avec des couverts végétaux, par exemple anti-nématodes, qu’on sélectionnait en interne pour les rotations betterave-blé.
Notre idée est désormais d’aller plus loin avec les agriculteurs betteraviers pour leur proposer ces solutions de couverts sélectionnés pour la betterave, avec nos variétés de betterave qui viendront compléter cette offre.
Quelles sont les étapes clés pour doubler votre chiffre d’affaires à 1 Md€ d’ici à 2035 ?
Avec l’acquisition de Deleplanque, la betterave est devenue la deuxième espèce du groupe RAGT en chiffre d’affaires.
L’Europe portera 50 % de notre croissance
Céréales, betteraves, sorgho, maïs et toutes les espèces oléagineuses, colza et tournesol notamment, doivent nous faire la croissance de demain. Nous sommes aujourd’hui présents sur les cinq continents. L’Europe portera 50 % de notre croissance.
Une des étapes importantes sera inévitablement de proposer aux agriculteurs des solutions innovantes et surtout résilientes pour faire face à tous les nouveaux défis. Nous plaçons les agriculteurs ainsi que la recherche génétique au centre de notre stratégie.
Comment pensez-vous étendre vos activités en Europe et en Amérique latine ? Par de nouvelles acquisitions ?
Nous n’étions pas convenablement présents sur tous les pays européens. Nous créons en ce moment une filiale en Bulgarie. Nous sommes en Serbie, en République tchèque, et en Slovaquie grâce à l’acquisition du groupe Deleplanque. Nous souhaitons y avoir des positions solides. Aujourd’hui, RAGT sera présent sur la majorité des pays du continent européen.
Sur l’Amérique latine, nous avons racheté la société Tobin en Argentine, nous permettant d’être désormais numéro 2 en sorgho et de couvrir l’Uruguay, le Paraguay et une partie du Brésil.
Concernant les potentielles futures acquisitions, nous analyserons toutes les opportunités qui sont alignées avec notre stratégie.
Pourquoi vouloir rassembler autour d’une marque unique RAGT vos activités ?
C’est un pilier stratégique, très important. Nous souhaitons mettre les agriculteurs au centre de la stratégie. L’agriculteur doit avoir une visibilité sur toutes les activités de RAGT. Une marque unique est importante aussi pour tous les salariés de Strube ou de Deleplanque qui nous ont rejoints.
Sur les espèces d’automne (céréales à paille et colza), ce sera effectif en 2026. Pour les espèces de printemps, notamment la betterave, le tournesol ou le maïs, cela sera fait pour le printemps 2027. Nous avons une campagne pour faire le switch.