Semences : les surfaces de multiplication reculent en 2024-2025 sous l’effet du contexte géopolitique
La campagne semencière 2024-2025 affiche un recul global des surfaces de multiplication. Si le maïs et les céréales progressent, la filière doit composer avec la fermeture de marchés comme la Russie, l’Ukraine ou l’Algérie, désormais de plus en plus autonomes et protectionnistes.
Une campagne semencière sous pression internationale
La campagne 2024-2025 présente un bilan contrasté pour la filière semences française. Selon l’UFS, les surfaces progressent pour certaines cultures comme les céréales d’hiver et le maïs, mais reculent au global dans un marché fortement marqué par les tensions géopolitiques et la fermeture de débouchés historiques.
En 2024-2025, les surfaces de multiplication atteignent 103 648 ha pour les céréales d’hiver, soit une progression de 2,7 % par rapport à l’an dernier. Le maïs progresse également de 4 %, à 63 437 ha. À l’inverse, les fourragères et gazons reculent de 4 %, à 36 727 ha contre 43 570 ha en 2023-2024.
Des marchés qui se ferment et une concurrence accrue
Cette évolution s’inscrit dans un contexte mondial tendu. Les conditions climatiques ont été globalement favorables et la production se maintient à bon niveau, mais les débouchés se réduisent. En 2022-2023, 59 % des semences produites en France étaient destinées à l’export. Aujourd’hui, la filière subit de plein fouet la fermeture progressive des marchés russe et ukrainien, qui représentaient 7 % des exportations françaises en 2023-2024.
Selon l’UFS, la Russie a fait de la semence un outil stratégique pour son autonomie alimentaire, accompagnée d’investissements massifs, de programmes de recherche financés et de la fermeture quasi totale aux produits étrangers. L’objectif russe était d’atteindre 75 % d’autonomie semencière en 2030. Il est déjà dépassé, notamment par l’arrêt rapide des importations.
En Ukraine, devenue concurrente directe, les importations de semences françaises ont diminué de 16 % en 2023-2024, tandis que les exportations ukrainiennes vers la France ont bondi de 105 %. Même dynamique en Algérie, où des lots français sont désormais refoulés pour des raisons politiques. L’UFS voit néanmoins l’Afrique comme un relais de croissance dans les prochaines années.
Malgré ces tensions, la filière reste solide. Le chiffre d’affaires semencier français à l’export atteint 2,3 milliards d’euros, un montant en hausse essentiellement porté par l’inflation. « Nous restons le premier exportateur mondial, mais nous ne savons pas si nous serons encore capables de le dire l’an prochain », reconnaît l’UFS.
Bilan par culture selon l’UFS
| Culture | Hectares | Évolution (vs 2023-2024) |
| Betteraves et chicorée industrielles | 4 981 | +4 % |
| Céréales d’hiver | 103 648 | +2,7 % |
| Céréales de printemps | 18 475 | +6,6 % |
| Protéagineux d’hiver | 4 798 | -2 % |
| Protéagineux de printemps | 5 906 | -6,9 % |
| Fourragères et gazons | 36 727 | -4 % |
| Maïs | 63 437 | +4 % |
| Sorgho | 831 | -20 % |
| Colza | 10 319 | -17 % |
| Tournesol | 13 130 | -18 % |
| Soja | 5 461 | -2 % |
| Potagères et florales | 24 239 | -14 % |