Agrotendances

Lutte antiparasitaire intégrée (LAI) : une approche globale et durable


Basée sur la prévention, la surveillance et l’adaptation, la lutte antiparasitaire intégrée (LAI) vise à limiter l’usage des phytos en combinant des leviers biologiques, culturels et mécaniques. Pour les conseillers agricoles, elle représente un cadre d’action global, technique et réglementé, essentiel à la transition vers une agriculture plus durable.

Guêpes trichogrammes : des alliées efficaces contre les ravageurs  - © Tomasz Klejdysz de Getty Images
Guêpes trichogrammes : des alliées efficaces contre les ravageurs - © Tomasz Klejdysz de Getty Images

Une stratégie raisonnée de protection des cultures

La lutte antiparasitaire intégrée (LAI) repose sur une approche holistique combinant différentes méthodes de gestion des ravageurs. Son objectif : prévenir les dégâts de manière économique, efficace et respectueuse de l’environnement. L’usage des produits chimiques n’intervient qu’en dernier recours, lorsque les autres leviers ont été mobilisés.

La démarche s’appuie sur cinq étapes clés :

  • Identification des ravageurs et maladies,

  • Définition d’un seuil d’intervention,

  • Surveillance régulière des parcelles,

  • Mise en œuvre des mesures préventives,

  • Contrôle raisonné si nécessaire.

Le rôle central du conseiller agricole

Le conseiller accompagne les agriculteurs dans toutes les phases de la LAI : diagnostic, choix des leviers et suivi des résultats. Il fournit des outils d’identification, des seuils d’intervention adaptés aux contextes locaux et des conseils de surveillance.

Son appui porte aussi sur les bonnes pratiques culturales : rotation des cultures, choix de variétés résistantes, gestion de la biodiversité fonctionnelle et préservation des auxiliaires naturels. L’analyse des résultats permet ensuite d’ajuster les stratégies d’une année sur l’autre pour maintenir un équilibre entre rendement, coût et durabilité.

Un cadre réglementaire renforcé

La réglementation française et européenne impose une réduction progressive de l’usage des produits phytosanitaires. En 2025, les conseillers doivent veiller à la conformité avec les obligations de certification (Certibiocide), de traçabilité et de documentation des interventions. Les audits environnementaux exigent un suivi rigoureux des décisions de traitement, des observations et des résultats obtenus.

Exemples de méthodes biologiques selon les cultures

  • Blé et grandes cultures : recours aux parasitoïdes (Trichogramma), à la bactérie Bacillus thuringiensis (Bt) et à des nématodes bénéfiques contre les ravageurs du sol.

  • Maïs : lâchers de trichogrammes contre la pyrale, rotation culturale et maintien des auxiliaires.

  • Pommes de terre : biopesticides à base de Bt ou de champignons Trichoderma, utilisation de nématodes entomopathogènes et d’extraits naturels (azadirachtine).

  • Vigne : lutte par champignons antagonistes, parasitoïdes et pratiques favorisant la biodiversité du sol et de la faune auxiliaire.

D’une manière générale, les approches reposent sur trois modes d’action complémentaires :

  • Lutte inoculative : introduction de petites populations d’auxiliaires pour qu’elles s’établissent,

  • Lutte inondative : lâchers massifs pour une action rapide,

  • Lutte conservatrice : préservation des ennemis naturels déjà présents dans l’écosystème.

La LAI est une démarche évolutive et adaptative qui demande observation, connaissance et coordination. Le conseiller agricole joue un rôle clé pour aider les exploitants à concilier performance économique, protection de l’environnement et sécurité alimentaire.