Agrotendances

La filière des biostimulants continue de relever le défi du changement d’échelle


Le marché des biostimulants progresse en France, porté par les pressions réglementaires et environnementales. Mais leur adoption reste freinée par des obstacles techniques, économiques et culturels.

La filière des biostimulants continue de relever le défi du changement d’échelle
La filière des biostimulants continue de relever le défi du changement d’échelle

Réduction des intrants, adaptation au changement climatique, promesse de durabilité… Sur le papier, les biostimulants ont tout pour séduire. Pourtant, leur usage reste marginal au regard de leur potentiel. Pourquoi ? Et surtout, comment lever les freins ?

Un cadre encore flou, une offre peu lisible

Première limite : la lisibilité du marché. Les produits sont nombreux, parfois mal positionnés, et les promesses marketing excessives ont nourri une méfiance durable. « Beaucoup de solutions sont encore vendues comme des produits miracles », résume-t-on chez Timac Agro. À cela s’ajoute une réglementation en transition : le nouveau cadre européen (Règlement UE 2019/1009) est salué pour sa rigueur, mais son articulation avec le droit français reste floue, ce qui ralentit les mises en marché.

Manque de repères techniques et de formation

Autre frein majeur : le déficit de références et de compétences techniques. Les essais sont parfois menés avec des protocoles inadaptés, hérités des produits phytosanitaires ou des engrais. Résultat : des retours d’expérience inégaux, qui compliquent la valorisation des produits. Les instituts techniques et de recherche (Inrae, Arvalis, Terres Inovia…) sont sollicités pour objectiver les performances. Mais sur le terrain, beaucoup de distributeurs et technico-commerciaux manquent encore de formation adaptée pour bien positionner ces solutions. La vente reste souvent opportuniste, en curatif, au lieu d’être intégrée dans une logique de programme.

Des leviers clairs pour passer un cap

Malgré ces obstacles, les leviers ne manquent pas. Structuration de l’offre, formations ciblées, accompagnement terrain, mais aussi développement d’OAD adaptés et reconnaissance des biostimulants dans des politiques publiques (type CEPP, écorégimes, HVE) sont autant de pistes. L’intégration des biostimulants dans les itinéraires techniques complets - nutrition, biocontrôle, pilotage des stress - est identifiée comme un facteur clé de succès. L’innovation, combinée à une démonstration rigoureuse des bénéfices agronomiques et économiques, pourra finir de convaincre les agriculteurs.

Les biostimulants doivent encore gagner leur place dans les pratiques et les têtes. Si la dynamique est bien enclenchée, leur généralisation passera par un double mouvement : une meilleure structuration de la filière d’un côté, et une plus grande appropriation technique sur le terrain de l’autre. De quoi transformer l’essai et faire des biostimulants un outil de performance agronomique à part entière.

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