Agrotendances

Mathieu Limouzin, Vertal : « L’homologation rassure nos distributeurs et les agriculteurs »


Mathieu Limouzin, responsable ventes France et R&D, et Clément Duley, responsable réglementaire chez Vertal, expliquent les enjeux de l’homologation de deux biostimulants. Une étape stratégique qui crédibilise l’efficacité des produits, facilite leur diffusion et ouvre de nouvelles perspectives sur le marché français et européen.

 Mathieu Limouzin (à gauche) et Clément Duley (à droite) - © @Vertal
Mathieu Limouzin (à gauche) et Clément Duley (à droite) - © @Vertal

Pourquoi avoir choisi d’homologuer ces biostimulants après plusieurs années d’utilisation ?

Mathieu Limouzin : Nous avons choisi de les homologuer pour une raison simple, ce sont des produits qui ont montré leur efficacité sur le terrain. Ils ont fait leurs preuves dans différents contextes pédoclimatiques à travers la France et répondent aux problématiques des agriculteurs. Notre entreprise, Vertal, est basée en Vendée et depuis 2019, nous avons entamé des démarches de certification suite aux avancées réglementaires européennes.

L’un est homologué en France, l’autre en Europe : quelles distinctions existent entre les deux protocoles et est-ce que l’un englobe l’autre ?

Clément Duley : Les deux protocoles coexistent. Nous sommes sur un double marché, en France et sur le marché commun européen. Ce sont deux voies réglementaires distinctes, une pour chaque produit. Les systèmes réglementaires sont différents selon les états. En France nous avons des normes réglementaires et si aucune de ces cases n’est cochée, comme c’est le cas pour les biostimulants, c’est l’Anses qui autorise ou non la mise sur le marché des produits après étude du dossier. Le règlement européen prévoit quant à lui également la mise sur le marché de produits répondant à des allégations prouvées par l’expérimentation.

Quelles sont les principales étapes et contraintes de ces procédures d’homologation ?

Clément Duley : Il y a tout un contrôle des matières premières dans un premier temps. On doit prouver qu’elles ne sont pas dangereuses, leur mode d’obtention ou leur procédé de fabrication. Comme nos produits contiennent beaucoup de matière première, il faut le temps de montrer leur innocuité. Nos matières premières naturelles ont un bon potentiel d’oxydoréduction, elles aident à contrôler le potentiel redox et l’oxydation du milieu. Il a fallu démontrer leur efficacité.

Dans un second temps, c’est le produit fini qui est étudié. Il doit être conforme à la réglementation et au dossier de présentation, mais aussi ne pas avoir d’effets adverses sur l’environnement (métaux lourds, toxicité). Les composants que nous avons choisis sont peu dangereux par eux mêmes, donc il y avait peu de risques d’avoir à la fin un produit dangereux.

Enfin, il faut pouvoir tester leur efficacité, au champ ou au laboratoire, grâce à des prestataires indépendants. Grâce à notre recul sur le produit et notre expérience lors des essais antérieurs, nous avons pu limiter ces essais pour l’homologation à 12 par produit.

Côté contraintes, nous avons constaté que le règlement européen, plus récent, est aussi plus souple et plus adapté que le protocole de l’Anses, hérité de la mise sur le marché des produits phyto. Pour ces derniers, il faut absolument passer par de petits parcellement, et obtenir des résultats rapides et visibles. Certaines matières ne sont pas non plus autorisées, par exemple nous sommes limités dans le choix des familles de micro-organismes que nous pouvons expérimenter, car seulement quatre d’entre elles sont autorisées. Parmi les sous-produits animaux, seul le fumier peut être mobilisé pour créer de nouvelles solutions, les plumes, le sang ou les farines animales ne sont pas utilisables. Il arrive que le cadre réglementaire viennent annuler de bonnes idées, mais nous cherchons surtout des solutions simples et efficaces, avec un bon retour pour les agriculteurs.

Quels avantages différenciants ces homologations apportent-elles sur le marché par rapport à d’autres produits ?

Mathieu Limouzin : Nous souhaitons nous développer à l’export. Autrefois nous travaillions directement avec les agriculteurs, mais depuis 2018, nos produits sont distribués par les distributeurs et les TC. Il y a une vraie problématique : alors qu’ils ont besoin de continuer à produire, les agriculteurs manquent de solutions, les anciennes formules ne fonctionnent pas ou plus. L’offre, surtout en biostimulants, est de plus en plus importante. Il faut des outils bien montés et un discours simple. Les conseillers ont quelques secondes pour convaincre de l’intérêt d’un produit. La présence d’une homologation, c’est une allégation plus facile pour vendre le produit, un gage de qualité sur ce qu’il contient, ce qu’il fait et le retour possible sur investissement.

L’homologation est pour nous un avantage énorme, c’est une entrée officielle dans la famille des entreprises qui fabriquent des biostimulants et pas seulement des biosolutions. Il y a aussi une grosse concurrence internationale. Les distributeurs sont libres de travailler avec tous, mais nous souhaitons qu’ils sachent qu’il existe des produits efficaces, ici en France.

Qu’est ce que cela change concrètement pour vous, vos clients et vos partenaires distributeurs ?

Mathieu Limouzin : Pour nous, c’est une étape. Être connus, reconnus sur le terrain comme fournisseur sérieux de biostimulants, par rapport aux grosses firmes qui possèdent de plus grandes parts de marché. Cela nous donne la possibilité de grandir, d’accélérer notre développement sur le territoire national puis à l’export. Nous avons un atout, celui d’avoir toujours fait des biosolutions depuis 25 ans.

Nous sommes reconnus comme organisme de formation Qualiopi. Sans accompagner la distribution sur toute la ligne, il n’y aura pas de changements possibles. Nous avons une équipe d’animateurs pour mieux prendre en main les produits, afin de mieux les proposer. On va continuer, parce que cela porte ses fruits, pour répondre aux enjeux qui nous attendent dans les prochaines années.

Nous sommes soutenus par Idena, une société spécialisée dans la nutrition animale, qui propose des alternatives aux antibiotiques, à base de plantes et d’huiles essentielles. Ce qui me tient à cœur, c’est d’être un acteur sérieux dans les approches combinatoires, développer le préventif et si on a besoin d’aller plus loin, on aura des solutions curatives.

Quant à nos partenaires, nous savons qu’ils n’ont pas le droit de se tromper. Les agriculteurs leur font confiance. C’est pour cela qu’ils sont souvent frileux pour adopter de nouveaux produits. L’homologation change leur regard, leur apporte plus de sérénité. Cela montre que nous tenons nos promesses.