Cristal Union : « Notre ambition : encourager la transition grâce à des incitations concrètes »
Réduction des émissions de gaz à effet de serre, indicateurs individuels carbone, agriculture régénérative, audits renforcés… Cristal Union affine sa stratégie environnementale avec un référentiel unique, Cristal Vision Smart Sugar Beet. Entretien avec William Huet, directeur agricole du groupe, qui détaille les leviers mis en place pour accompagner et récompenser les agriculteurs engagés dans la transition.

Pourquoi avoir créé un référentiel unique avec Cristal Vision Smart Sugar Beet ?
Notre référentiel, Cristal Vision Smart Sugar Beet, a été conçu pour permettre aux agriculteurs de n’avoir qu’un seul référentiel à suivre. Il est mis à jour chaque année au fil de nouvelles exigences : réglementaires, client et celles liées à notre stratégie en matière de RSE. En 2015, le référentiel ne concernait pas l’agriculture régénérative qui consiste à développer les pratiques agroécologiques visant notamment à la conservation des sols, la gestion de la ressource en eau et le maintien de la biodiversité. L’utilisation raisonnée de l’azote et des outils d’aide à la décision tel que Cristal Cerc’OAD pour mieux gérer les intrants, font partie des pratiques observées. Les choix des variétés utilisées et la part de variétés très tolérantes nécessitant moins de produits de protection des plantes sont également évalués.
Cette dimension d’agriculture régénérative a été mise en place en 2023, et son évaluation s’appuie sur l’indice de régénération créé par l’association PADV. Pour la seconde année consécutive, les agriculteurs répondent à un questionnaire enrichi et les audits de contrôle sont renforcés. L’ensemble des nouvelles exigences et des nouvelles évolutions sont intégrées dans le même référentiel. Nos agriculteurs sont invités à répondre à ce référentiel dans le cadre de leur engagement d’apport, afin de percevoir les primes qui rémunèrent leurs bonnes pratiques.
En 2024, 93 % coopérateurs étaient engagés dans la démarche Cristal Vision et ont effectué leur autodiagnostic sur le référentiel Cristal Vision Smart Sugar Beet. Parmi eux, 96 agriculteurs ont été audités par un organisme indépendant.
À quoi attribuez-vous principalement les premières baisses d’émissions de carbone observées ?
Nous communiquerons sur les chiffres de réduction à partir du mois de septembre, après avoir réalisé notre deuxième campagne d’analyse. Nous savons déjà qu’entre 2019 et 2023 nous avons réduit nos émissions de 10 à 12 %. Pour le savoir, il nous a fallu compiler des données assez anciennes afin de formaliser notre point de départ en 2019.
Nous espérons une amélioration continue. Depuis deux ans, nous sensibilisons et accompagnons les agriculteurs vers des pratiques plus vertueuses. Il y a eu des évolutions de pratiques, notamment en matière d’utilisation de l’azote, qui est le principal facteur d’émissions de gaz à effet de serre, en équivalent carbone.
Nous avons d’abord travaillé sur notre scope 1, car en tant qu’industriel de transformation, cela représente la part la plus importante de nos émissions. L’amont agricole représente 30 % de notre scope global.
En 2024, l’enjeu pour nous était de mettre en place le système d’évaluation du scope 3. Chez Cristal Union, nous avons mis en place nos systèmes de collecte de données et d’évaluation des agriculteurs. Nous serons en capacité à la fin de l’année, d’avoir, pour le groupe, un indicateur d’émissions pour chaque adhérent.
Quels sont vos objectifs pour l’année 2025 ?
Le projet 2025 est clair : être en capacité, d’ici à la fin de l’année 2025, d’offrir aux agriculteurs un système de primes pour les encourager à contrôler ou à réduire leurs émissions à la tonne de betteraves. C’est le travail de l’année ! Pour encourager, il faut déjà évaluer. La première phase d’évaluation se termine, et à présent, il faut passer à la partie valorisation.
Comment travaillez-vous avec les coopérateurs Cristal Union ? Quel accompagnement proposez-vous ?
Nous avons 70 techniciens sur le terrain qui accompagnent chacun entre 160 et 180 agriculteurs. Ils sont là pour être la courroie de transmission entre notre service de R&D et le terrain. Aujourd’hui ce service R&D est composé d’une douzaine d’agronomes qui travaillent sur l’ensemble des aspects liés à la betterave, mais aussi de façon plus transversale : on parle d’agroécologie, d’intégration de la betterave dans une rotation, et donc de leviers qui vont toucher toutes les cultures pour permettre globalement d’améliorer la qualité des sols ou de décarboner.
Nous avons mis en place un agro-cursus de 18 mois pour l’ensemble de nos techniciens afin de développer leurs connaissances sur les aspects agronomie et agroécologie. Dans cette formation, nous intégrons des agriculteurs, pour qu’ils se forment ensemble, ce qui permet de créer une dynamique forte.
Nous avons une trentaine de fermes pilotes pour l’expérimentation au sein d’un système de culture. Par ailleurs, 14 et 15 000 micro-parcelles d’essais permettent d’expérimenter les performances de variétés, leur tolérance, l’efficacité du désherbage dont le désherbage mécanique, etc. C’est essentiel pour pouvoir accompagner les agriculteurs sur ces nouveaux challenges. Nous travaillons évidemment en interaction forte avec les différents instituts, les semenciers pour ce qui concerne la génétique de la betterave, ainsi qu’avec les fabricants de matériel pour améliorer les techniques.