Agroécologie

Les produits bio ne sont pas exempts de résidus phytos


L’agriculture biologique ne garantit pas l’absence totale de phytos dans les produits récoltés. Si les résidus y sont bien moindres, ils restent présents dans près de 4 produits bio sur 10, selon une nouvelle étude européenne de référence. Décryptage.

Les produits bio ne sont pas exempts de résidus phytos
Les produits bio ne sont pas exempts de résidus phytos

Une analyse de terrain dans 10 pays européens

L’étude « Occurrence of pesticide residues in harvested products of various crops from European conventional and organic farming systems », publiée dans Environmental Pollution par Paula S. Tourinho et al. (2025), a passé au crible 193 échantillons agricoles issus de 10 pays européens. L’objectif : comparer les niveaux de résidus dans les produits bio et conventionnels, toutes cultures confondues (grandes cultures, viticulture, arboriculture et maraîchage).

Résultat : 85,7 % des produits conventionnels contiennent au moins un résidu de phytos, contre 40 % en bio. Un écart important… mais pas un zéro absolu pour le bio.

Bio : des résidus malgré un cahier des charges strict

L’un des enseignements clés de l’étude est que les résidus détectés dans les produits issus de l’agriculture biologique ne sont pas dus à l’usage direct de phytos par les producteurs, mais à des sources extérieures difficilement maîtrisables. Une partie de ces résidus provient de substances interdites depuis des décennies, mais encore présentes dans les sols ou les sédiments agricoles : ce sont les pesticides dits « legacy », comme le DDT ou la dieldrine, dont la persistance environnementale est documentée. D’autres résidus sont liés à des contaminations croisées, qu’elles proviennent de l’air, de l’eau ou de dérives de pulvérisation en provenance de parcelles voisines conduites en conventionnel. Certains résidus peuvent être le vestige d’applications réalisées avant la conversion d’une parcelle en bio, les délais de conversion n’étant pas toujours suffisants pour éliminer toute trace dans l’environnement. C’est ce faisceau de causes, et non un écart aux pratiques bio, qui explique la présence de résidus dans environ 40 % des échantillons analysés dans ce mode de production.

Des niveaux bien plus bas que le conventionnel

Si les produits bio ne sont pas totalement indemnes de résidus, les niveaux restent nettement plus faibles :

  • Médiane de concentration : 2,7 µg/kg en bio contre 46,4 µg/kg en conventionnel

  • 13,7 % des produits bio contiennent plusieurs résidus, contre 71,4 % en conventionnel

  • 5,3 % des échantillons bio dépassent les LMR, contre 11,2 % en conventionnel

La conclusion de l’étude est claire : le bio réduit significativement l’exposition, mais il ne l’élimine pas.

Des cultures permanentes plus à risque

L’étude souligne que les cultures pérennes (vigne, oliviers, vergers) concentrent davantage de résidus, en bio comme en conventionnel. Leur longue durée de vie et leur exposition répétée aux intrants - y compris dans le passé - les rendent plus sensibles à la contamination.

Cette souligne l’importance d’une approche intégrée : réduction des intrants, remédiation des sols, gestion des contaminations croisées.