Brin de Science : Sakura et vendanges, des témoins d’un climat qui évolue
La défiance qui touche aussi bien les agriculteurs que le grand public face au changement climatique a besoin de preuves flagrantes. Documentées depuis des siècles, les dates de floraison des cerisiers au Japon ou celles des vendanges en Bourgogne avancent inexorablement dans le temps marquant la progression du réchauffement climatique.
Des marqueurs saisonniers qui témoignent du réchauffement
La floraison des sakura, ces cerisiers emblématiques du Japon, constitue un indicateur historique exceptionnel. Pendant plus de 1 000 ans, la date de floraison maximale à Kyoto est restée stable, autour du 17 avril, jusqu’au XIXe siècle. Depuis environ 1850, cette floraison s’avance progressivement : aujourd’hui, elle intervient généralement autour du 5 avril, soit près de deux semaines plus tôt qu’il y a 150 ans. Dans les années 1971-2000, la floraison moyenne était déjà une semaine plus précoce qu’auparavant, et des records absolus ont été atteints en 2021 et 2023 avec des dates autour du 22-26 mars, inédites depuis 1 200 ans de relevés. Cette avancée s’accélère, de 1,2 jour par décennie depuis les années 1950, et les études scientifiques confirment l’influence conjointe du réchauffement global et de l’effet d’îlot de chaleur urbain.
Les vendanges constituent un autre marqueur tangible du changement climatique. En Bourgogne, à Beaune, les dates de début de récolte ont été relevées chaque année depuis le XIVe siècle. Jusqu’aux années 1980, la moyenne se situait autour du 27 septembre. Depuis le milieu des années 1980, les vendanges se sont avancées de près de deux semaines et demie. En 2024, elles ont débuté le 13 septembre, et plusieurs millésimes récents ont commencé dès août, ce qui n’était jamais observé au XXe siècle. Cette précocité s’explique par la hausse des températures estivales, qui accélère la maturation du raisin. Elle touche désormais toutes les grandes régions viticoles françaises.
Le dérèglement climatique sous nos yeux
La floraison avancée des sakura et les vendanges de plus en plus précoces ne sont que la partie visible d’un ensemble de signes révélateurs du changement climatique. Canicules prolongées, sécheresses répétées, gels tardifs, pluies extrêmes et extension des ravageurs témoignent eux aussi d’un dérèglement des cycles naturels et agricoles. Ensemble, ces indicateurs montrent que la nature et les systèmes de production ne suivent plus le rythme historique, obligeant les filières agricoles à s’adapter rapidement pour maintenir rendements, qualité des produits et biodiversité.