Biocontrôle : ce que propose le CGAAER pour accélérer son adoption
Le rapport du Conseil Général de l’Alimentation, de l’Agriculture et des Espaces Ruraux (CGAAER) propose une refonte de la stratégie nationale pour le biocontrôle. Il formule des recommandations concrètes visant à lever les freins réglementaires, structurer le déploiement territorial et renforcer le rôle des distributeurs et coopératives dans l’accompagnement des agriculteurs.

Une stratégie renouvelée pour un biocontrôle de terrain
Faire du biocontrôle une solution concrète et opérationnelle sur le terrain : c’est l’objectif que fixe le Conseil Général de l’Alimentation, de l’Agriculture et des Espaces Ruraux (CGAAER) dans son dernier rapport. Pour y parvenir, il propose une refonte ambitieuse de la stratégie nationale, misant sur une meilleure intégration des acteurs de proximité, un allègement des freins réglementaires et un déploiement renforcé dans les territoires. Une feuille de route qui interpelle directement les distributeurs, les coopératives et les organismes de conseil.
Le rapport insiste sur la nécessité de redonner un cap clair à la Stratégie Nationale de Déploiement du Biocontrôle (SNDB), aujourd’hui jugée trop éclatée et insuffisamment pilotée. Il plaide pour un portage politique affirmé, une gouvernance plus collaborative et une articulation plus fluide entre les différentes initiatives en cours, notamment avec le Grand Défi Biocontrôle et Biostimulation pour l’Agroécologie.

Alléger les freins réglementaires pour favoriser l’innovation
Parmi les leviers identifiés, la réglementation figure en bonne place. Les auteurs recommandent de sortir le biocontrôle du cadre réglementaire classique des produits phytosanitaires, afin de créer un environnement plus adapté à ses spécificités. Ils proposent également d’accélérer les procédures d’autorisation de mise sur le marché, aujourd’hui trop longues au regard de l’urgence écologique et des attentes du terrain. Dans certains cas, comme pour des substances déjà validées à l’échelle européenne, des dérogations ciblées pourraient éviter des blocages inutiles, comme l’obligation de détruire des récoltes.
Ces propositions visent à soutenir l’innovation sans compromettre la sécurité sanitaire, en s’appuyant sur les acquis scientifiques et réglementaires existants.
Distributeurs et coopératives au cœur du déploiement
Le rapport consacre plusieurs pages au rôle central que doivent jouer les distributeurs, coopératives et structures de conseil. Leur implication est jugée indispensable pour que le biocontrôle passe du laboratoire au champ. Cela suppose de repenser leur cadre d’intervention, notamment en levant les freins liés à la séparation entre vente et conseil, qui limite aujourd’hui leur capacité à accompagner techniquement les agriculteurs.
Une montée en compétence est également attendue : les équipes de terrain devront être formées à ces nouvelles solutions, capables de répondre aux questions pratiques des agriculteurs et de proposer une offre élargie, à la hauteur des enjeux. La structuration territoriale, elle aussi, appelle leur participation active. Le rapport encourage leur intégration dans les futures feuilles de route régionales, élaborées en lien avec les chambres d’agriculture et les préfectures.
Un ancrage local et une évaluation continue
Le CGAAER met enfin l’accent sur la territorialisation de la stratégie. Chaque région devra décliner les grandes orientations nationales en fonction de ses réalités agricoles, environnementales et économiques. Les collectivités locales et les organisations professionnelles seront appelées à jouer un rôle moteur, aux côtés des services de l’État.
Un dispositif de suivi et d’évaluation viendra accompagner ce déploiement. Des indicateurs permettront de mesurer l’impact réel du biocontrôle, d’identifier les freins persistants et d’ajuster les mesures. Là encore, les distributeurs et coopératives seront mis à contribution, à la fois comme acteurs de terrain et comme relais d’information.
Une dynamique à enclencher collectivement
Le rapport du CGAAER trace les contours d’une stratégie cohérente, réaliste et ancrée dans les dynamiques agricoles actuelles. Mais sa réussite dépendra d’une mobilisation collective, des décideurs aux acteurs économiques, en passant par les techniciens et les agriculteurs eux-mêmes. Le biocontrôle ne pourra changer d’échelle que s’il devient un outil de filière à part entière, soutenu par des politiques publiques claires, des règles adaptées et un accompagnement technique de proximité.
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