Agrostratégie

Coopeara : « Un réseau de 57 fermes et une cartographie sur le soja », Jérémie Bosch, LCA ARA


Le projet Coopeara vise à renforcer l’autonomie alimentaire des élevages en développant la production locale de soja, colza et tournesol. Une première cartographie des zones favorables au soja en Auvergne-Rhône-Alpes a été finalisée en décembre 2024, en collaboration avec Terres Inovia et les coopératives partenaires. Cette initiative s’inscrit dans une démarche plus large de réduction des importations de tourteaux et d’optimisation des ressources locales et d’amélioration de la résilience des exploitations face aux défis climatiques. Un séminaire à mi-parcours est prévu le 27 novembre 2025. Explications avec Jérémie Bosch, responsable du projet Coopeara, membre du pôle filières transitions valorisation à LCA Auvergne Rhône-Alpes.

Jérémie Bosch, responsable du projet Coopeara, pôle filières transitions valorisation LCA ARA  - © GUILLAUME BLANCHON
Jérémie Bosch, responsable du projet Coopeara, pôle filières transitions valorisation LCA ARA - © GUILLAUME BLANCHON

Le projet Coopeara a été lancé en avril 2024. Où en êtes-vous aujourd’hui ?

L’ambition de Coopeara est de relocaliser la ration alimentaire de nos animaux d’élevage en Auvergne-Rhône-Alpes.

Nous avons bouclé la première étape du projet, qui consistait à engager les acteurs et à fixer des objectifs clairs sur les huit premiers mois. L’ambition de Coopeara est de relocaliser la ration alimentaire de nos animaux d’élevage en Auvergne-Rhône-Alpes. Pour ce faire, il nous faut, entre autres choses, réduire les importations de tourteaux de soja, de colza et de tournesol en développant leur production localement. L’enjeu est majeur : il s’agit de nourrir les cheptels de nos territoires et de contribuer à l’alimentation humaine, tout en prenant en compte les défis liés au changement climatique.

En décembre 2024, nous avons finalisé. Cette carte a été réalisée en collaboration avec Terres Inovia et les coopératives partenaires du projet Coopeara. Elle identifie les zones où cette culture peut être rentable en fonction de plusieurs critères : le potentiel agronomique, les possibilités d’irrigation et l’intérêt dans la rotation des cultures.

Pour l’instant, cette cartographie concerne le soja 00, mais nous allons prochainement l’étendre aux variétés plus précoces, les sojas 000. Nous allons aussi l’affiner à l’échelle départementale afin que les services techniques des coopératives partenaires du projet puissent mieux s’en approprier les données et proposer aux agriculteurs les variétés les plus adaptées.

Au-delà de la rentabilité, le soja présente des atouts agronomiques intéressants : il améliore la structure des sols et peut être implanté dans des zones non irriguées. Grâce à ce travail, nous estimons que les surfaces de soja devraient doubler pour atteindre 30 000 hectares, tandis que celles du tournesol pourraient croître de 4 000 hectares.

Une première version d’une cartographie des zones favorables à la production de soja  a été réalisée dans la région Aura - © LCA Ara
Une première version d’une cartographie des zones favorables à la production de soja a été réalisée dans la région Aura - © LCA Ara

Le projet ne concerne donc pas uniquement le soja ?

Non, nous travaillons également sur la fabrication de tourteaux à partir du colza et du tournesol. Nous avons observé que, dans certaines zones, une culture bien conduite de soja, tournesol ou colza peut être aussi intéressante économiquement que des céréales, notamment dans des secteurs où l’eau se fait plus rare.

Les tourteaux de colza et de tournesol produits en France sont plus riches en protéines que ceux importés.

Un autre point clé, c’est la qualité des tourteaux issus de nos productions locales. Nos premiers retours montrent que les tourteaux de colza et de tournesol produits en France sont plus riches en protéines que ceux importés, avec un gain d’un à deux points de protéines. Contrairement aux idées reçues, ils ne sont donc pas plus chers.

Si ces cultures permettent d’alimenter directement nos usines de production, l’intérêt est double : pour l’exploitant, qui sécurise son débouché, et pour la coopérative, qui gagne en autonomie sur l’approvisionnement. Nous cherchons à améliorer la compétitivité économique de la filière et à fixer de la valeur ajoutée sur le territoire.

Comment allez-vous diffuser les résultats techniques pour développer la production ?

Nous avons mis en place un réseau de 57 fermes de référence en élevage avec lesquelles nous allons évaluer la rentabilité et identifier les marges de progrès. Nous menons un diagnostic en partenariat avec l’Institut de l’élevage (Idele) pour repérer les leviers permettant d’améliorer l’autonomie alimentaire des exploitations.

L’objectif est clair : rendre ces fermes les plus autonomes possible. L’idée n’est pas simplement de remplacer un kilo de tourteau importé par un kilo de tourteau local, mais d’optimiser l’utilisation des ressources disponibles localement. Nous voulons des exploitations qui maintiennent leur potentiel de production tout en étant plus résilientes face aux aléas climatiques et aux fluctuations des marchés.

L’année 2025 sera rythmée par la diffusion des premiers résultats et l’accompagnement des acteurs de la filière.

Nous avons mis en place une stratégie de communication à la fois interne et externe. L’année 2025 sera rythmée par la diffusion des premiers résultats et l’accompagnement des acteurs de la filière. Un séminaire à mi-parcours est prévu le 27 novembre 2025, afin de partager les avancées du projet avec l’ensemble des partenaires.

Quels sont les acteurs impliqués et comment le projet est-il financé ?

Nous visons une collecte de 70 000 tonnes de grains.

Le projet Coopeara regroupe 14 coopératives et 6 partenaires techniques, dont Terres Inovia, Idele, la Chambre d’agriculture Auvergne-Rhône-Alpes, Olexapresse, la Fédération des contrôles laitiers et LCA AURA.

Plusieurs usines de trituration ont d’ores et déjà démarré leur production :

  • Nutralp (coopératives Bresse Mâconnais, Capdis et Jura Mont Blanc) a lancé sa production de tourteaux en mars 2024 avec une capacité initiale de 15 000 tonnes, et un objectif à 20 000 tonnes.
  • Oxyane a inauguré en décembre 2024 une usine dédiée au soja, avec une capacité de 30 000 tonnes.
  • L’union de coopératives Ucal prévoit d’atteindre 50 000 tonnes.

Au total, nous visons une collecte de 70 000 tonnes de grains, permettant de produire 45 000 tonnes de tourteaux et plusieurs millions de litres d’huile destinés à l’alimentation humaine.

Sur le plan financier, le budget total du projet est de 2,49 M€. A ce jour, nous avons obtenu un financement de la part de BPI dans le cadre de France Relance de 1,23 M€ dont 890 000 euros sous forme de subventions et 340 000 euros sous forme d’avance remboursable. A partir de 2025 un cofinancement de la part de la région Aura est attendu hauteur de 61 000 € par an sur trois ans.

Concepts clés et définitions : #Coopératives , #Changement climatique