Installer des pratiques de biocontrôle en grandes cultures : mode d’emploi
Face au retrait progressif de nombreuses substances actives, le biocontrôle s’impose comme une alternative crédible. Mais comment intégrer efficacement ces solutions en grandes cultures, où les conditions d’application sont plus complexes que dans les cultures spécialisées ?

Ce qu’on appelle biocontrôle
Le biocontrôle regroupe des moyens de protection des cultures fondés sur les mécanismes naturels :
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Macro-organismes : auxiliaires de culture (insectes, acariens, nématodes…)
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Micro-organismes : champignons, bactéries ou virus utiles
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Médiateurs chimiques : phéromones, kairomones, etc.
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Substances naturelles : extraits végétaux, minéraux, etc.
Où en est-on en grandes cultures ?
Longtemps cantonnées aux cultures à forte valeur ajoutée, les solutions de biocontrôle gagnent du terrain en grandes cultures grâce :
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À l’élargissement de l’offre (phéromones contre la pyrale, trichogrammes, stimulateurs de défenses naturelles…)
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À une meilleure connaissance des modes d’action
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À l’évolution des filières, qui intègrent désormais des indicateurs de durabilité (HRI 1, chartes, label bas carbone…)
Mais leur efficacité reste plus variable que celle des phytos conventionnels : elle dépend du moment, du contexte météo, du niveau de pression et du bon positionnement.
Comment installer une stratégie de biocontrôle ?
1. Changer de posture
Le biocontrôle ne se substitue pas aux produits de synthèse à efficacité immédiate. Il s’intègre dans une stratégie de gestion intégrée des bioagresseurs, en combinant :
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Prévention (rotation, travail du sol, choix variétal…)
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Surveillance (piégeage, observation régulière)
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Interventions raisonnées
2. Cibler les bons usages
Les solutions disponibles aujourd’hui sont plus efficaces :
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En protection insecticide (ex. : pyrale du maïs, pucerons…)
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En traitement de semences (ex. : maladies fongiques)
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En stimulation des défenses naturelles (SDN)
Des essais en betterave, colza ou maïs montrent des résultats prometteurs, à condition d’un bon positionnement.
3. Anticiper la logistique
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Certaines solutions nécessitent une application précoce ou répétée
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Le matériel peut être spécifique (épandeurs à trichogrammes, buses adaptées…)
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Des conditions météo favorables sont souvent nécessaires
4. S’appuyer sur les références locales
Les GIEE, DEPHY, groupes 30 000 et plateformes régionales testent de nombreuses pratiques. Appuyez-vous sur :
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Les retours d’expérience
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Les démonstrations terrain
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Les préconisations des instituts techniques
Point-clé Rôle du TC Pas de solution miracle Expliquer le fonctionnement aux agriculteurs Résultats variables Encourager les essais encadrés et le retour d’expérience Intérêt combiné (bio + pratiques agronomiques) Promouvoir une approche système
Pour aller plus loin
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Site EcophytoPIC
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Essais INRAE, Arvalis, Terres Inovia, ITB…
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Programmes CASDAR, GIEE, PEI-AGRI