Biocontrôle : 2030, un objectif ambitieux mais atteignable
Cet article est référencé dans notre dossier :
Dossier Biocontrôle 2025, une enquête exclusive : tendances, innovations et perspectives
Viser 30 % du marché d’ici à 2030. Un cap jugé nécessaire et possible par une grande majorité des fournisseurs de produits de biocontrôle, à condition d’alléger la réglementation, d’accélérer les homologations et d’intégrer les solutions au plus près des pratiques agricoles.

L’objectif fixé par la filière biocontrôle pour 2030 a le mérite d’établir une trajectoire claire dans un contexte agricole en pleine mutation. Si la majorité des acteurs interrogés se montrent favorables à ce cap de viser 30 % du marché de la protection des plantes d’ici à 2030, tous s’accordent aussi sur un point : il ne sera pas atteint sans efforts conjoints à tous les niveaux de la filière.
« Passer de 10 % à 30 % en 5 ans me paraît compliqué », admet on chez Adama, résumant une inquiétude partagée quant à la rapidité de la montée en puissance attendue. Pour d’autres, comme Agriodor, cet objectif n’est pas une option, mais une nécessité : « Que nous parlions de réchauffement climatique, d’interdictions de molécules ou de respect de l’environnement, le biocontrôle s’impose. Il faut cependant faciliter son implémentation dans les itinéraires techniques des agriculteurs. »
Un défi autant technique qu’organisationnel
De nombreuses entreprises reconnaissent que la réussite de cette ambition repose sur des conditions systémiques : adoption par les distributeurs et les agriculteurs, accompagnement technique, simplification réglementaire et effort d’innovation. « L’objectif est atteignable si l’ensemble des partenaires travaillent ensemble, avec des leviers comme l’accélération des homologations ou des investissements en R&D », estime BASF. Même son de cloche chez Ascenza : « Les produits de biocontrôle dépendent davantage du contexte environnemental. Leur adoption nécessite un accompagnement robuste. »
Certaines sociétés voient aussi dans cet objectif un repère stratégique à long terme. « Il permet de tracer une trajectoire au niveau national et de calibrer les moyens nécessaires », souligne De Sangosse, qui revendique un engagement de longue date dans les biosolutions. Pour eux, le potentiel des solutions déjà mises en marché n’est pas encore pleinement exploité.
Une ambition qui pourrait aller encore plus loin
Chez CBC Biogard, on essaye de voir les choses en grand : « Nous œuvrons à ce que le plafond de verre soit rompu afin d’accélérer le développement et la mise en marché de solutions pour aller bien au-delà de cette valeur de 30 %. La couverture des usages au-delà des 50 %, y compris avec un accroissement des usages en grandes cultures et cultures industrielles, doit être assurée. »
Mais des nuances apparaissent. Chez FMC, on rappelle que le biocontrôle progresse plus facilement en cultures spécialisées qu’en grandes cultures. Vivagro de son côté, distingue entre les deux volets de l’objectif : « Le premier est possible, contrairement au second qui me paraît impossible dans une période aussi courte. »
Une dynamique en marche, à consolider
L’ambition de couvrir 30 % du marché de la protection des plantes d’ici à 2030 cristallise une volonté de transformation portée par l’ensemble de la filière. Reste à faire tomber les verrous réglementaires, renforcer l’accompagnement des utilisateurs et mobiliser l’innovation pour franchir les prochaines étapes.