Agroécologie

« Le surcoût de l’agriculture régénératrice est relativement minime pour nous », Eric Bilien, ba&sh

Par Stéphanie Ayrault | Le | Projets de territoire

Ba&sh a noué un partenariat avec Nativa Regenerative Agriculture Program en 2023, visant à soutenir la transition des fermes vers une agriculture régénératrice. Depuis, la marque a contribué à régénérer 8 000 hectares de terres agricoles en Uruguay pour la production de laine. Eric Bilien, responsable de style maille, explique à Agro Matin les ambitions et des avancées de ce projet.

Eric Bilien, responsable style maille chez ba&sh - © ba&sh
Eric Bilien, responsable style maille chez ba&sh - © ba&sh

Pourquoi la société ba&sh s’engage-t-elle dans l’agriculture régénératrice ?

L’agriculture régénératrice repose sur plusieurs principes fondamentaux : la régénération des sols, la protection de la biodiversité, l’élimination des intrants synthétiques, le bien-être animal et l’amélioration des conditions économiques des agriculteurs. En s’appuyant sur ces piliers, cette méthode transforme en profondeur les pratiques agricoles. Les sols deviennent plus fertiles, les écosystèmes locaux sont restaurés et les systèmes agricoles gagnent en résilience face aux défis climatiques.

Notre ambition est de reprendre le contrôle sur notre approvisionnement

Chez ba&sh, nous avons décidé de nous engager dans cette voie, car elle reflète notre vision d’une mode plus responsable et respectueuse de la planète, des hommes et des animaux. En août 2023, nous avons signé un partenariat avec Nativa, pour accompagner les fermes uruguayennes dans leur transition.

Notre ambition est de reprendre le contrôle sur notre approvisionnement, de connaître précisément l’origine des matières que nous utilisons et d’améliorer les pratiques à chaque étape de la chaîne.

Ce partenariat avec Nativa s’inscrit dans notre stratégie de RSE. Nous voulons continuer à progresser vers une mode qui respecte autant la planète que les hommes et les animaux, tout en inspirant d’autres acteurs à faire de même.

Avec l’agriculture régénératrice, nous avons une véritable opportunité de transformer notre industrie et de poser les bases d’un avenir plus durable.

Quels résultats concrets avez-vous obtenus jusqu’à présent ?

Le premier arrivage de fibres issu de l’agriculture régénératrice a eu lieu en janvier 2024. Nous avons reçu 3000 kg de laine que nous avons mélangés avec du coton d’origine biologique pour produire 6000 kg de fil, soit une partie des 20 000 à 30 000 kg de laine que nous utilisons chaque année.

Nous avons également fixé un objectif ambitieux : augmenter ce volume de 2000 à 3000 kg supplémentaires par an en collaboration avec Nativa. Ce partenariat s’inscrit dans une démarche de long terme. Au-delà de l’achat de fibres, nous finançons la transition des fermes vers des pratiques d’agriculture régénératrice.

Quel est le coût de cette transition pour ba&sh ?

Ce choix nous permet surtout de sécuriser un sourcing responsable et de qualité

Le surcoût reste relativement minime pour nous : il s’élève à environ 1 à 2 euros par kilo de fibre. Dans le coût global de production d’un vêtement, cela représente une hausse négligeable.

Ce choix nous permet surtout de sécuriser un sourcing responsable et de qualité. Aujourd’hui, nous avons plusieurs options sur le marché. La laine conventionnelle, par exemple, est accessible à tout, mais peu respectueuse de l’environnement. La laine certifiée, que nous utilisons déjà majoritairement, est plus difficile à obtenir et donc plus coûteuse. Enfin, la laine régénératrice représente encore un niveau supérieur en termes de qualité et d’engagement.

Notre objectif est clair : réduire notre impact environnemental tout en garantissant une production éthique et durable.

Pourquoi privilégier l’Uruguay et non la France ?

En France, les moutons sont historiquement élevés pour la viande ou le fromage, pas pour la qualité de leur laine. La filière française ne s’est pas structurée autour de la production de fibres haut de gamme, contrairement à des pays comme la Nouvelle-Zélande ou l’Uruguay, où les éleveurs ont misé sur des standards de qualité élevés pour valoriser leur laine sur le marché international.

Pour changer la filière française, il faudrait repenser tout un écosystème

Aujourd’hui, la laine française est surtout utilisée pour des produits comme des matelas ou des isolants, car ses fibres mesurent 28 microns d’épaisseur en moyenne. En comparaison, la laine uruguayenne atteint 15 microns, ce qui la rend beaucoup plus douce et adaptée à la fabrication de vêtements. À 15 microns, on est proche du cachemire, tandis que les fibres françaises sont plus rêches.

Pour changer la filière française, il faudrait repenser tout un écosystème, de l’élevage jusqu’au traitement des fibres. C’est un défi énorme, mais qui mériterait d’être relevé dans une démarche plus locale.