Trois chemins vers un biostimulant : laboratoire, agronomie et empirisme
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Biostimulants : cap sur la montée en puissance
Elicit Plant, Gaïago et Power The Nature ont chacun mis au point un biostimulant innovant… mais en empruntant des trajectoires très différentes : de la découverte moléculaire, à l’agronomie de terrain, jusqu’à l’empirisme familial validé par la science.

Elicit Plant : la molécule avant tout
Elicit Plant, fondée par des scientifiques, repose sur une approche « physiologique » : identifier des molécules (les phytostérols) capables de renforcer la tolérance des plantes au stress hydrique. Pour Aymeric Molin, ingénieur agronome et co-fondateur : « C’est la rencontre de la science et des problématiques réelles des agriculteurs. » Le travail commence en laboratoire, avec une sélection ciblée des composés, suivie de tests contrôlés puis d’essais en plein champ. L’innovation ne naît pas du besoin du terrain, mais de la compréhension fine des mécanismes internes de la plante, et se transforme en biostimulant foliaire grâce à une formulation technique rigoureuse. « C’était tout l’enjeu, que de lever ce verrou technologique et proposer un produit pratique, compatible avec le travail des agriculteurs », se souvient-il.
Gaïago : l’agronomie comme point de départ
Née de la rencontre entre agriculteurs et spécialistes du sol, la démarche de Gaïago vise à restaurer les équilibres biologiques et minéraux via des extraits végétaux et acides aminés. Chez Nutrigeo, le point de déart est le diagnostic du sol : rétablir la vie microbiologique, valoriser nutriments organiques, limiter les intrants. « Au laboratoire, sur nos bancs d’essai, nous analysons les différents paramètres du sol et des plantes, ainsi que les bactéries et champignons. Dès la 10ème semaine après l’application, on observe une augmentation de l’activité enzymatique et métabolique, résume le Docteur Abdelrahman Alahmad, chercheur et titulaire de la Chaire de Recherche Biomes. La méthode combine savoir-faire agronomique local et expérimentations de terrain, sans s’enfermer dans une approche uniquement biochimique.
Power The Nature : l’empirisme agri‑curieux
Pierre et Jean Niesner, agriculteurs en Moselle, ont mis au point leur biostimulant Fertiroc à base de zéolithe, une roche volcanique. « L’idée est vraiment venue du terrain, explique Pierre Niesner, co-fondateur de Power The Nature, en cherchant à améliorer la rentabilité de notre exploitation tout en restant dans une démarche naturelle et innovante. » Comme le rappelle son père Jean Niesner « Nous sommes partis de notre propre besoin agronomique, sur des terres peu fertiles. Nous avons commencé par amender le sol avec la zéolite pour ses capacités de rétention d’eau et d’échanges cationiques. Je suis curieux, je me suis documenté d’abord sur Internet. L’idée de l’utilisation par voie foliaire, avec la réduction en poudre de la roche, est venue avec le temps. » Après des essais répétés (sur bandes dès 2016) et des analyses poussées avec des chercheurs (Agroscope, doctorat, publications), leur solution 100 % minérale a été certifiée CE et distinguée pour son innocuité et sa stabilité.
Trois racines — moléculaires, agronomiques, empiriques —, mais la même ambition : proposer aux agriculteurs une solution naturelle, durable et efficace. À l’heure où la transition agroécologique s’accélère, ces parcours montrent que l’innovation peut surgir de laboratoires de pointe, de la terre ou des fermes familiales.
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