Agrotendances

Le marché des biostimulants marque une pause en 2024

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Après plusieurs années d’essor rapide, le marché des biostimulants marque un temps d’arrêt en 2024. Christophe Jounaux, gestionnaire de comptes Europe, Moyen-Orient et Afrique chez Kynetec, décrypte les raisons conjoncturelles de ce ralentissement, mais reste confiant sur le potentiel structurel du marché.

Le marché des biostimulants est tiré vers le haut grâce à l’essor de leur utilisation en viticulture - © prod by frames de Getty Images
Le marché des biostimulants est tiré vers le haut grâce à l’essor de leur utilisation en viticulture - © prod by frames de Getty Images

«  On est sur un marché exponentiel  », rappelle Christophe Jounaux, gestionnaire de comptes Europe, Moyen-Orient et Afrique chez Kynetec. Si 2024 marque une pause, c’est avant tout le reflet d’une conjoncture difficile pour les grandes cultures. À moyen terme, le potentiel reste intact, porté par la dynamique viticole et un intérêt croissant pour des solutions alternatives.

Céréales à paille : la baisse la plus marquée

«  Les céréales à paille ont vu leurs surfaces cultivées reculer de 6,8 %, et les valeurs de marché en biostimulants de 20 %  », indique Christophe Jounaux. Ce recul s’explique par un enchaînement défavorable  : conditions économiques tendues, automne 2023 pluvieux, semis tardifs et dégradés. « La sortie d’hiver a été compliquée, les potentiels de rendement faibles, ce qui n’a pas incité les agriculteurs à investir dans les biostimulants.  » Avec une baisse de 13 % des taux d’application, ce segment historiquement important (environ un tiers du marché) pèse fortement sur le résultat global.

Colza : pression sur les prix, des applications en recul

La culture du colza, qui semblait bénéficier de bonnes conditions d’implantation, n’échappe pourtant pas au repli. «  Les surfaces cultivées sont globalement stables mais on enregistre un recul de 16 % en valeur.  » En cause, selon l’expert  : « La baisse du prix du colza - près de 100 €/tonne de moins en 2024 - rend les investissements plus difficiles  », souligne Christophe Jounaux. Le taux d’application en biostimulants en subit les conséquences. »

Maïs : une croissance relative

Le maïs se distingue avec une hausse marquée de +24  % en valeur. «  C’est une bonne surprise, mais à relativiser  : les surfaces cultivées ont augmenté de 13,9  %, et l’usage reste encore en retrait par rapport aux céréales à paille. Cela ne suffit pas à redresser le marché dans son ensemble.  »

Grandes cultures : un accident de parcours

L’ensemble des grandes cultures connaît une baisse notable  : -11 % en valeur, -12 % en surface déployée. «  L’année 2024 marque un plateau, un accident de parcours conjoncturel, résume Christophe Jounaux. On avait déjà observé une situation comparable en 2020, avant un redémarrage rapide. »

Vigne : le moteur de la croissance en 2024

«  Cette année, la vigne joue le rôle d’amortisseur du marché  », affirme l’expert. Avec une hausse de 20 % en valeur, 32 % de surfaces déployées et 14 % de passages, le segment viticole confirme son dynamisme. «  La pression fongique a été forte cette année, on est passés de 8 à 10 passages fongicides en moyenne, et l’usage des biostimulants est très corrélé à cette pression.  » Malgré un léger recul des surfaces viticoles (-0,8 %), la vigne tire le marché vers le haut.

Arbo et maraîchage : une dynamique modérée mais positive

Les cultures arboricoles et maraîchères pèsent moins de 10 % de la valeur du marché, mais la tendance reste positive. «  On enregistre une hausse de 12 % en valeur pour l’arboriculture  », note Christophe Jounaux. Ces cultures à forte valeur ajoutée confirment leur intérêt pour les biostimulants, même si leur poids reste encore limité.

Le marché Biostimulant marque une pause en 2024, soutenu par la viticulture - © Kynetec
Le marché Biostimulant marque une pause en 2024, soutenu par la viticulture - © Kynetec

Malgré ce recul temporaire, les perspectives restent solides. «  Structurellement, le marché va continuer à progresser, je ne vois aucun frein durable à son développement  », conclut Christophe Jounaux. Si les conditions économiques et climatiques redeviennent plus favorables, «  le marché repartira de plus belle  »

FarmTrak est une étude menée par Kynetec sur près de 10 000 producteurs représentatifs de France.  - © Kynetec
FarmTrak est une étude menée par Kynetec sur près de 10 000 producteurs représentatifs de France. - © Kynetec

L’analyse présentée repose sur les données issues du panel FarmTrak™ France Crop Nutrition, développé par Kynetec. Ce panel comprend des producteurs représentatifs de la Ferme France : 5 000 agriculteurs en grandes cultures, 1 800 viticulteurs, 850 producteurs en arboriculture, et 1 000 maraîchers et producteurs de légumes de plein champ.

Article réalisé en partenariat avec Kynetec