Space, ambiance constructive autour de l’agroécologie pour l’édition 2019
Les éleveurs ont le sourire. Le Space, le salon des productions animales, qui se tenait à Rennes du 10 au 13 septembre, s’est déroulé dans une ambiance apaisée. Les cours sont bons, surtout pour les filières porcines, et le niveau de la collecte de céréales est au-dessus des attentes, redonnant du baume au cœur des agriculteurs ! Si l’agribashing continue de peser sur leur moral, les éleveurs sont moins touchés par les récentes polémiques médiatiques sur les pesticides. Grâce aux démarches de qualité engagées par les coopératives et aux actions pédagogiques des filières sur les réseaux sociaux, les agriculteurs semblent reprendre du poil de la bête dans le combat médiatique qui les oppose aux mouvements anti-élevage. Un climat bénéfique au dialogue et à la transition agroécologique.
Triskalia, Cavac, Cooperl… Communiquer sur la qualité de la production
« Nous devons nous adapter à la demande sociétale en matière d’alimentation, reconnaît Georges Galardon, président de la coopérative Triskalia. Nous continuons à investir dans les démarches de qualité, surtout dans le conventionnel, qui reste le cœur du marché. » La structure, qui a obtenu en juillet la certification environnementale de niveau deux pour les producteurs de ses légumes surgelés, communique sous la bannière Planète positive.
Même ligne pour la Cavac, avec Positive agriculture, une signature pour faire reconnaître les efforts des exploitants. Pour la coopérative vendéenne, l’implication dans les filières qualité est la meilleure réponse à la stigmatisation du monde agricole. La structure continue d’ailleurs à investir dans l’agriculture biologique : elle va doubler la production de l’usine de boulangerie Biofournil dans le Maine-et-Loire en 2020, avec un investissement de dix millions d’euros, et construira une usine de fabrication d’aliments bio à Fougeré (85) fin 2020.
Les productions de qualité sont aussi un axe majeur pour la Cooperl. La structure poursuit le développement des cultures sans pesticides, par le biais de sa démarche Envi. Soixante-dix agriculteurs sont actuellement engagés, sur cinq à dix hectares. « Nous allons doubler ce chiffre cette année », précise Patrice Drillet, le président. Autre sujet majeur : la biosécurité, avec la progression de la Peste porcine africaine, PPA. « Nos agriculteurs concernés seront tous formés, insiste-t-il. La maladie est très contagieuse. Ils doivent apprendre à gérer les entrées et sorties des personnes externes. Ce qui va aussi leur permettre d’être vigilants quant aux intrusions de militants anti-élevage. » Par ailleurs, Cooperl mettait en avant la traçabilité numérique sur toute la durée de vie des porcs. « Une quarantaine d’élevages teste le dispositif depuis trois ans, que nous allons étendre cette année », indique Patrice Drillet.
Terrena, LE GOUESSANT : connecter les exploitations
Le numérique sera un des enjeux majeurs pour les prochaines années afin de développer l’agroécologie et assurer la traçabilité sur toute la filière. Un volet stratégique pour la « Nouvelle agriculture » de Terrena. Au Space, elle présentait l’outil de pilotage connecté Consélio, appliqué à la filière bovine laitière en 2018, et qui s’étend à la viande. Un millier d’exploitations devraient utiliser Consélio bovins d’ici à la fin de cette année. « L’objectif est de tous les connecter pour former un outil de gestion globale de l’exploitation », précise-t-on chez Terrena. Consélio grandes cultures, lancé en 2014, est déjà adopté par 4900 exploitations sur 700 000 hectares et son pendant en volailles concerne 1050 élevages.
Le Gouessant avait également choisi de communiquer sur cette thématique. Les projets fleurissent. Deux élevages testent l’alimentation de précision pour lutter contre le gaspillage, abaisser les coûts, favoriser l’autonomie en protéines et diminuer les rejets azotés et phosphorés. Autre solution : le pilotage des performances des exploitations grâce à l’application Aunéor. Elle est opérationnelle sur les ruminants et volailles de chair et en cours de développement en porcs, poulettes et pondeuses. Enfin, la coopérative est entrée en février dans le capital de See-d, une start-up située à Vannes, focalisée sur la valorisation des données. Deux programmes sont conduits : une modélisation de la croissance des poulettes et pondeuses et une analyse des données historiques en alimentation en porcs.
Le numérique représente un investissement sur le long terme pour les coopératives. Triskalia, qui participe au financement du fonds régional West web valley (WWV), n’en tire pas de bénéfices… en tout cas pour l’heure ! « C’est stratégique et nous avons confiance dans ces entreprises », reconnaît Georges Galardon. « La technologie doit servir à résoudre les problèmes du terrain, indique Guillaume Briend, responsable numérique et secteur agricole pour Bretagne développement innovation sur le stand d’Agretic. Alors qu’elle arrive trop souvent avec des solutions clés en main dont personne n’a besoin. » Le stand accueillait huit start-up.
Climat et bien-être animal
Enfin, les organisateurs du salon avaient choisi de dédier la plateforme Espace pour demain au climat. L’espace proposait une vingtaine d’équipements innovants, notamment sur les bâtiments. Panneaux isolants, ventilation améliorée, ou alors solutions pour rafraîchir les animaux, constituent un enjeu pour le bien-être des animaux. Le tout dans un objectif d’une moindre consommation énergétique. « Nous devons réussir à motiver les agriculteurs bretons par le prisme de l’efficience de la production, reconnaît André Sergent, président de la Chambre d’agriculture de Bretagne. Une bonne partie d’entre eux ne sont pas réceptifs à l’enjeu climatique : les conditions sont très favorables et nous ne subissons pas les sécheresses. »
La prochaine édition du Space aura lieu du 15 au 18 septembre 2020.