L’alerte des scientifiques sur la résistance aux antibiotiques dans les élevages
« La résistance aux antibiotiques augmente malgré la stabilisation de leur utilisation », alerte Marc Mortureux, directeur général de l’Anses, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, à l’occasion de la conférence sur les anti-infectieux dans les élevages organisée par l’Inra le 29 février au salon de l’agriculture. Certes, l’Union européenne et la France ont lancé en novembre des plans pour réduire l’usage des antibiotiques, avec pour objectif de diminuer de 25 % leur utilisation en France en cinq ans, mais les scientifiques doivent trouver des solutions. En Guadeloupe, l’unité de recherche zootechnique de l’Inra planche sur le sujet. « Le traitement systématique des animaux dans les années 70 et 80 a entraîné une résistance généralisée aux antiparasitaires anthelminthiques en élevage caprin » a expliqué Maryline Boval, chercheuse. L’association d’animaux dans les pâturages L’Inra a travaillé sur plusieurs pistes. D’abord, le renforcement des défenses immunitaires en sélectionnant des animaux plus résistants. Ensuite, par la diminution du risque d’infestation. « Nous avons fait pâturer ensemble des bovins et des caprins ce qui a réduit la pression de sélection, poursuit Maryline Boval. L’alimentation est aussi un bon levier. Dans notre cas, nous avons découvert que les feuilles de bananiers avaient des composants qui permettaient à l’animal de lutter contre les parasites. Nous les avons donc intégrer dans l’alimentation ». Enfin, l’Inra souligne l’importance de disposer, pour chaque maladie, de critères fiables de déclenchement du traitement. « C’est un problème de santé publique », a rappelé Patrick Dehaumont, le nouveau directeur général de l’alimentation. L’Anses devrait rendre ses conclusions en 2013 sur l’utilisation des antibiotiques dans les élevages qui devraient permettre de réajuster les mesures du plan national.