Référence agro

Sortie du glyphosate, la mission de suivi appelle à préciser les situations dérogatoires avant juin 2020


Comme souhaité par Emmanuel Macron, la France sortira du glyphosate en 2021. Un délai supplémentaire de deux ans sera toutefois accordé pour les situations d’impasse technique. « Faire préciser ces situations avant juin 2020 au plus tard, à l’Inra et aux instituts techniques nous paraît essentiel », souligne Jean-Luc Fugit, député co-rapporteur de la mission d’information commune sur le suivi de la stratégie de sortie du glyphosate. Cette requête fait partie des propositions de la mission qui, après un an de travail, a présenté un rapport d’étape à la presse le 13 novembre 2019. « Nous sommes à un an de l’interdiction et les agriculteurs ont besoin de connaître précisément ses contours, les délais prévus pour les dérogations, les alternatives envisageables ainsi que les moyens humains et financiers proposés », poursuit Jean-Luc Fugit.

Un besoin de données précises sur les volumes utilisés

Autre principale proposition de la mission : la création d’une plateforme nationale d’enregistrement des produits phytosanitaires utilisés et du glyphosate en particulier. « Pour suivre les évolutions d’utilisation et pour rationaliser les décisions politiques », précise Jean-Baptiste Moreau, député co-rapporteur de la mission. L’idée consiste à centraliser les registres phytosanitaires tenus par les exploitants, le plus souvent à l’aide de logiciels en ligne, afin de créer une base numérique partagée. Car la mission exprime ses difficultés à établir un « T zéro » des usages précis, avec les détails des cultures traitées, des doses utilisées. Elle ne dispose aujourd’hui que des volumes de vente et d’achat de 2017.

L’enquête en ligne menée par les instituts techniques auprès des exploitants agricoles visant à recueillir des informations précises sur les usages de glyphosate en grandes cultures a reçu 6 500 réponses complètes. Les résultats sont attendus pour la fin du mois de novembre 2019. Les rapporteurs se disent déjà favorables à une généralisation des ces enquêtes internes aux interprofessions.

Une sortie « pas facile, pas unique »

Selon les rapporteurs et le président de la mission, le député Julien Dive, « la volonté existe, la dynamique est engagée » mais « force est de constater que ça n’avance pas assez vite », que « la sortie ne sera pas facile et pas unique ». Les alternatives décrites par l’Inra en 2017 doivent se déployer sur le terrain, mais le transfert de connaissances nécessite du temps.

La mission, qui a choisi une approche réaliste privilégiant la confiance envers les agriculteurs et qui vise à remettre de la rationalité scientifique et technique dans un débat passionné, se rend compte de la difficulté de la tâche. Premier exemple mis en avant, l’agriculture de conservation des sols. Cette dernière, qui réduit l’impact environnemental de l’agriculture, nécessite l’emploi de glyphosate.

La mission, avec la publication de ce rapport d’étape, compte de nouveau auditionner les ministres chargés de l’Agriculture et de la Transition écologique, ainsi que le préfet Pierre-Étienne Bisch, coordinateur du plan d’actions sur les produits phytosanitaires et du plan de sortie du glyphosate. Elle doit également, pour sa deuxième année de travail se pencher sur la formation des agriculteurs et futurs agriculteurs, et analyser le coût de l’interdiction de la molécule afin de prévoir des mesures d’accompagnement financier des agriculteurs.

L’approbation européenne du glyphosate court jusqu’au 15 décembre 2022. Quel sort sera ensuite donné à la molécule ? L’Autriche et l’Allemagne ont déjà fait savoir qu’ils l’interdiront sur leur territoire.