Édito - Ouverture du SIA : Macron réussit sa communication, mais ses réponses posent question
Au vu des dernières semaines de mobilisation en France, pour protester contre l’accord UE/Mercosur et la révision de la carte des zones défavorisées, l’ouverture du salon de l’agriculture 2018, qui se déroule du 24 février au 4 mars à Paris, s’annonçait comme mouvementée. Que neni ! Quelques sifflets et huées et des mascottes ont accueilli le Président de la République qui a pu réaliser son objectif de présence, en affichant un ton assuré et une façade d’omnipotence.
Ouverture sauce Mercosur
Des solutions de remplacement du glyphosate à l’élaboration d’une carte jugée cohérente des zones défavorisées, en passant par la défense des élevages face au loup, comme face aux importations de viande d’Amérique latine, le Président de la République était attendu avec des réponses concrètes. Sur ce point, le dossier UE/Mercosur est peut-être celui qui a le plus avancé. À l’oral en tout cas. « Au-delà de la réglementation sur les hormones [les importations de bœuf aux hormones sont interdites en Europe depuis près de 25 ans, NDLR], Emmanuel Macron a entendu nos revendications sur l’utilisation des farines animales et d’antibiotiques dans les systèmes de production du Mercosur, explique Bruno Dufayet, président de la fédération nationale bovine (FNB). Il a pris l’engagement de ne pas importer de viandes qui auraient été produites dans ces conditions ».
DSV et DGCCRF à l’Europe
Pour cela, le Président de la République veut renforcer les contrôles à la frontière, créer « l’équivalent de la DSV* et de la DGCCRF* à l’Europe ». Une lourde tâche à accomplir, qui plus est avant la ratification de l’accord. « Il a dit clairement qu’aucune tonne ne rentrerait avant d’avoir le suivi sanitaire et la traçabilité qui existe en France », complète Bruno Dufayet.
Une promesse qui risque d’être difficile à tenir pour Emmanuel Macron : au Brésil par exemple, la traçabilité individuelle concerne 2 % des bovins. Une question légitime se pose alors : les ambitions d’Emmanuel Macron sont-elles réalisables ?
*DSV : Direction des services vétérinaires ; DGCCRF : Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes