Bruxelles serait prête à réinstaurer des droits d'entrée pour le biodiesel argentin en Europe
« Grâce à des subventions nationales, le prix du biodiesel argentin défie toute concurrence, au détriment de nos filières européennes. La Cour de justice de l’Union européenne reconnait le préjudice, mais ne réagit pas », pestait Arnaud Rousseau, président de la Fop, en marge des Rencontres Olépro, le 29 novembre 2018. Une situation qui serait en passe de changer. Selon un document publié le 3 décembre 2018, la Commission européenne envisage de rétablir les droits compensateurs sur les importations de biodiesel argentin subventionné.
Réaction de l’Argentine attendue
« L’Argentine a très récemment attaqué le Pérou pour avoir pris de telles dispositions, prévient Kristell Guizouarn, directrice générale du groupe Avril. Nous attendons une réaction. » Théoriquement, les parties prenantes du dossier ont jusqu’au 13 décembre pour se manifester. Après quoi, cette décision devra être validée par les États membres pour se concrétiser. La question pourrait être à l’ordre du jour d’un comité dédié aux « instruments de défense commerciale européens » le 18 décembre, ou plus probablement courant janvier.
Feuilleton entamé en 2014
Ce « droit d’entrée » du biodiesel argentin devrait contribuer à redonner des couleurs aux filières biodiesel européennes. L’effet de ces droits ne seraient toutefois pas rétroactifs. Le soulagement est de mise du côté de la Fop. Son responsable des relations extérieures, Thibaut Ledermann, indique : « Cette décision nous conforte dans notre action menée depuis plusieurs mois auprès de la Commission pour mettre fin à cette situation. Mais les préjudices, depuis un an et demi, sont considérables. »
La saga du biodiesel argentin ne date pas d’hier. En 2014, l’UE mettait en place des droits sur leur importation pour contrecarrer le dumping argentin, avant d’être condamnée à les revoir fortement à la baisse par l’OMC en 2017. Nul doute que ce nouvel épisode sera suivi de près par les producteurs européens, déjà inquiets du coup de frein, régulièrement évoqué à Bruxelles, sur les biocarburants de première génération, au profit de biocarburants « avancés ».