Référence agro

L’agroécologie plus rentable que l’agriculture conventionnelle, selon France Stratégie


Bien que poussée par les politiques publiques, l’agroécologie pose encore question en termes économiques. Une étude de France Stratégie, qui a passé au crible 23 référentiels, souligne leur rentabilité supérieure au modèle conventionnel, notamment dans le cas du bio.

© Alpina Savoie - © D.R.
© Alpina Savoie - © D.R.

L’agroécologie est un des fils rouges du plan de relance agricole. Mais l’impact sur les rendements et les investissements nécessaires freinent encore parfois le changement de pratiques. L’institution publique France Stratégie s’est intéressée à la question de la rentabilité des modèles agroécologiques, dans une étude publiée le 6 août. Pour cela, 23 référentiels et cahiers des charges, tels que les MAEC, la HVE, Lu Harmony, le bio, les fermes Dephy ou la démarche AgriCO2 de la coopérative TERRENA ont été analysés. Les travaux sont basés sur l’analyse des données économiques et environnementales d’exploitations suivant ces référentiels, mais aussi sur une modélisation d’une exploitation céréalière type.

Deux grandes familles d’exploitation

Pour cela, les auteurs de l’étude ont calculé pour chaque référentiel un « score d’exigence environnementale ». Celui-ci avait pour critères la réduction d’utilisation des intrants, l’ampleur des pratiques favorables à la biodiversité, aux sols et à la préservation de la ressource en eau. Cette analyse a permis de constituer deux groupes d’exploitations : celles ayant converties l’ensemble de leur activité et bénéficiant d’un label public, et celles dont le système de production reste basé sur les principes de l’agriculture conventionnelle malgré des engagements à certains niveaux (MAEC ou réseau Déphy par exemple).

Le bio champion de la rentabilité

Globalement, bien que cela soit à des degrés divers, l’ensemble des référentiels étudiés sont plus rentables que l’agriculture conventionnelle. L’agriculture biologique sort néanmoins du lot et s’affiche comme le modèle agroécologique le plus rentable. Les bénéfices générés compensent en effet largement les moindres rendements et les charges supplémentaires de main d’œuvre par exemple. « Les exploitations bio réalisent des économies sur les charges en intrants et les prix sont plus élevés. Leur moindre volatilité et une plus grande diversité de productions, assurent dans leur ensemble des rendements plus stables sur le temps long », précise l’étude.

Mettre en cohérence les aides avec les performances environnementales

L’étude souligne néanmoins une « décorrélation » du montant des aides, dans le cadre de la Pac notamment, avec les services environnementaux rendus par les exploitations. « En grandes cultures par exemple, les montants totaux d’aides à l’hectare sont plus importants pour les référentiels MAEC systèmes que pour le référentiel AB. Autrement dit : c’est la production moins exigeante du point de vue environnemental qui reçoit plus », explique les auteurs de l’étude. Face à ce constat, ces derniers plaident pour une mise en cohérence des aides versées avec les efforts déployés par les agriculteurs. L’étude émet l’hypothèse de la mise en place d’un système de bonus-malus. Une dynamique à laquelle les consommateurs devront aussi participer. L’étude appelle à mieux leur faire connaître les référentiels à « haut score d’exigence environnementale », mais aussi à promouvoir une consommation plus durable.