La situation en Ukraine, décryptée par Michel Portier, d’Agritel
Pour Michel Portier, directeur d'Agritel, « les bouleversements géopolitiques actuels en Ukraine risquent de peser sur les échanges internationaux des matières premières agricoles. Car l'Ukraine tient une place centrale à l'échelle mondiale. A l'export, plus de 50 % de sa production agricole part vers l'Afrique du Nord (Egypte, Maghreb), le Moyen-Orient, l'Europe, ou l'Asie (Corée du Sud, Japon). Selon nos dernières estimations, la production de céréales pour 2014 serait en recul de près de 18 %. Le maïs, dont le coût de production à l'hectare est le plus élevé, est la culture la plus touchée. En cause, une dévaluation exceptionnelle de la monnaie locale - la grivna a perdu plus de 40 % de sa valeur depuis le début de l'année - qui freine les investissements des agriculteurs notamment en semences et en intrants importés. L'autre enjeu qui se joue actuellement en Ukraine est l'accès à la mer Noire : 97 % des exportations ukrainiennes passent par ses ports. Des ports d'Odessa - lieu de récents éclats - et de Mykolayiv partent près de 80 % des marchandises exportées. Jusqu'alors, aucun ralentissement remarquable de chargement n'a été constaté. Toutefois, si la zone portuaire Odessa-Mykolayiv venait à changer de gouvernance, la production ukrainienne risquerait d'être directement dépendante de la Russie pour les autorisations de chargement. Les élections présidentielles du 25 mai seront, à n'en pas douter, déterminantes sur l'évolution du climat dans les territoires des terres noires, parmi les plus fertiles d'Europe ».