Sofiprotéol tire profit de ses complémentarités
L’exercice était aussi difficile qu’inusité. Sofiprotéol a pris l’option de la transparence avec une conférence de presse à Paris, le 3 février, co-animée par Philippe Tillous-Borde, directeur général et Xavier Beulin, président. La seule présidence que ce dernier ait conservé depuis son arrivée à la présidence de la FNSEA. Une transparence revendiquée, au moment où une campagne de communication associant le groupe à l’image du Flower Power occupe les ondes et la presse grand public. La difficulté de l’exercice réside à la fois dans la dimension du groupe et dans son originalité. Sofiprotéol entreprise financière contribue à la gestion de 1,8 milliard d’actifs répartis dans 110 entreprises via des prêts ou des participations, en particulier dans les secteurs des semences (Limagrain Europe, RAGT Semences, Euralis Semences), des organismes stockeurs, des projets innovants (Valorex, GEOSYS…).
Sofiprotéol entreprise industrielle représente un chiffre d’affaires de 5,6 milliards d’euros, réalisés avec 6 300 collaborateurs. Catherine Deger
Illustration : Campagne de publicité de Sofiprotéol - Derrière les marques connues du grand public (Lesieur, Puget, voire Diester) montrer la puissance et l’originalité d’un groupe.
Doté d’un actionnariat majoritairement issu des filières de production d’oléagineux et de protéagineux, Sofiprotéol intervient dans cinq grands secteurs : trituration des graines (Saipol), alimentation humaine (Lesieur et les filiales productions animales de Glon Sanders), alimentation animale (Glon Sanders), biocarburant (Diester industrie) et chimie verte (Oleon et Novance). « L’originalité de Sofiprotéol, a introduit Philippe Tillous-Borde, réside sur des notions de coresponsabilité, de partage de la valeur et d’une ambition au service de l’intérêt général ». Les résultats de l’entreprise sont réinvestis dans la filière et dans les filiales, la présence aux différentes étapes de la production au rayon ou à la pompe permettant de lisser les difficultés. Ainsi, la hausse des matières premières agricoles sur l’année 2011, si elle est positive pour les producteurs, va continuer à contraindre les marges des produits transformés.
La chimie verte sort le diester du rouge
L’activité diester, qui a déjà souffert en 2010, devrait continuer à accuser le coup cette année. Son résultat est positif en 2010 grâce aux bonnes performances de la chimie verte à l’exportation. La contractualisation, sujet très en vogue en ce moment, est déjà largement appliquée sur plusieurs « compartiments » de l’activité de Sofiprotéol. Une pratique qui est loin d’aller de soi, puisqu’elle cristallise, à un moment donné, les intérêts divergents entre acheteur et vendeur, y compris lorsque ceux-ci sont à peu près les mêmes. Ainsi, les contrats engagés par Diester industrie pour l’approvisionnement des usines, qui portaient sur plusieurs années et étaient indexés sur le marché à terme, n’ont-ils pas vraiment convaincus. Ils seront bien sûr honorés pour les exploitants qui ont, avec leur organisme stockeur, joué le jeu. Mais une nouvelle formule, élaborée avec les partenaires Fidicoop et Finegoce (1/3 de l’actionnariat de Diester Industrie pour ces structures représentants les coopératives et les négoces), devrait être présentée début mars, plus convaincante pour les agriculteurs qui voient aujourd’hui les prix du colza s’envoler.
La contractualisation à l’épreuve des faits
Interrogé sur la responsabilité d’un groupe comme Sofiprotéol, et de sa filiale alimentation animale Glon-Sanders dans la mise en place d’une contractualisation permettant d’atténuer les hausses des matières premières, Philippe Tillous-Bordes a souligné que « toute activité économique doit être en lien avec le marché », mais qu’il était possible d’innover. Avec en toile de fond « beaucoup d’évolution au niveau du terrain », des pistes de réflexion sont en train de s’ouvrir. Et en particulier la création d’ un marché à terme du tourteau de colza : « une option désormais possible, du fait d’une production régulière et suffisante en Europe » a précisé le directeur général de Sofiprotéol. L’interprofession serait à la recherche d’un consensus autant en France qu’en Europe.
Les chiffres clés en 2010
< Sofiprotéol établissement financier - 1,8 milliard d’actifs répartis dans 110 entreprises ; 20 millions d’euros investis en 2010
< Sofiprotéol industrie - Chiffre d’affaires de 5,6 milliards d’euros
24 sites de transformatoin des oléagineux
Trituration de 4,5 Mt de graines (5 % sur 2009), 1,5 Mt d’huiles semi-raffinées produites (+ 8 %) et 600 000 t d’huiles raffinées (+ 6 %).
Production de diester en 2010, 1,65 Mt (- 9 %), pour une capacité de production de 2 Mt ; 490 000 t de chimie renouvelable (+ 16 %).
43 sites de productions en alimentation animale - 3,1 Mt (+ 0,5 %)
Chiffres d’affaires 2010 estimés en 2010 par filiale
Saipol : 1,7 (1,58 milliard d’euros en 2009)
Lesieur : 685 ME (715 ME)
Diester industrie et Diester international : 2,3 milliards d’euros (2,8 Mds E)
Novance - Oleon : 520 ME (434 ME)
Glon-Sanders : 1,5 MdE (1,44 MdE) à 60 % en nutrition et santé animale et 40 % en alimentation humaine.
Actionnariat du groupe Sofiprotéol - Fop, 15,1 % ; Onidol, 1,21 % ; Unip, 11 % ; Union des interprofessions, 27,5 % ; Unigrains, 5,2 % ; autres organismes agricoles, 6,8 % ; Crédit agricole et Natixis, 24 % ;