Manageurs, restez calmes !
Ils ont tous laissé à l’entrée du Château de Val, à Planguenoual (Côtes d’Armor), la pression du quotidien, pour se recentrer sur leur capacité à aborder le management en toute sérénité. Les trente manageurs de la distribution agricole, membres du Club Références Fertiles, étaient bien décidés à respirer profondément, exercices et conférences à l’appui, pour faire un plein de sérénité les 11 et 12 septembre. « Manager zen », un thème qui n’arrivait pas par hasard. Au terme de cinq années d’existence, les adhérents et partenaires du Club disposent en effet d’un solide climat de confiance pour pouvoir partager des réflexions qui touchent autant à la pratique de l’animation d’équipes qu’à leur propre équilibre.
« Un homme qui est en route vers un projet est invulnérable à la maladie ». Philippe Rodet, premier intervenant, médecin urgentiste, fondateur de « Bien-être en entreprise », pose ainsi les tenants et aboutissants de son analyse. Et en premier lieu le fait que le stress, qu’il soit ponctuel ou chronique, n’est en rien un élément favorable à l’action.
Catherine Deger
S’il se manifeste dans des conditions extrêmes et sur un très court laps de temps par des réactions physiques et chimiques à même de libérer une énergie salutaire, les situations d’agressions vitales sont rarissimes. Et elles se situent, fort heureusement, hors du cadre de l’entreprise. A l’inverse, l’angoisse au quotidien, du coup de pression à la tension chronique est génératrice de très nombreuses pathologies (hypertension, allergies, baisse des défenses contre les virus, troubles musculo-squelettiques…). Des études menées depuis peu de temps en France ont permis de chiffrer le coût du stress au travail à quelque 50 milliard d’euros par an. Sur une échelle de 10, les cadres affichent un degré moyen de stress de 6,3.
Cultiver le bien-être au travail
De quoi faire tomber les premières défenses d’éventuels adeptes du management par le stress. D’autant que, pour Philippe Rodet (première photo, à droite), dans un environnement très anxiogène (rien de tel qu’un bon journal télévisé pour avoir le moral en berne !). Il propose donc dix pistes pour cultiver le bien-être au travail. Première série de conseils : faire en sorte que chacun puisse se sentir utile, libre d’agir, en phase avec son poste. Savoir être plus positif que cartésien, encourager, reconnaître les passions, les engagements que l’on peut avoir hors de l’entreprise, faire preuve d’optimisme sont, sur un autre registre, un mode de fonction favorable à une baisse des tensions entre les salariés. Des outils pour troquer le stress contre de l’énergie. Plus facile à dire qu’à faire ?
Sans doute, mais cela peut fonctionner. Jean-Jacques Lesgourgues (deuxième photo, à droite), qui dirigea de nombreuses années Semences Cargill, infatigable entrepreneur, a apporté un témoignage captivant. Livrant en toute sincérité les périodes difficiles qu’il avait traversé, mais refusant la notion de stress, il a fournit quelques clés pour toujours raison garder : conserver la main sur son devenir, prendre une sérieuse distance avec les enjeux financiers, mais, surtout, relativiser. Et ce, pour ce qui le concerne, grâce à une spiritualité accomplie.
Laisser tomber les automatismes
La seconde journée du Cercle Fertile 2008 a été l’occasion d’entrer plus avant dans les mécanismes de la pensée. Avec un détour par les modes de fonctionnement du cerveau, grâce à une présentation très pédagogique de Jean-Louis Prata (troisième photo, à gauche), directeur recherche et développement de l’Institut de management évolutif. Premier rappel, le stress rend moins performant, car il active des reflexes primaires non construits. Il génère trois réflexes : dans l’ordre, la fuite, l’agressivité et l’évitement. Pour faire face, Jean-Louis Prata conseille en premier lieu d’apprendre à reconnaître ses états de stress, pour ensuite poser le problème rencontré d’une autre manière. « On va chercher l’ennemi dehors, alors qu’il est à l’intérieur », explique-t-il. Une manière de nous conduire à un autre état d’esprit. Se laisser submerger par nos émotions, c’est laisser notre cerveau en roue libre, se réfugier dans les modes automatiques, routiniers. Poser la question autrement, c’est à l’inverse faire appel à notre cerveau préfrontal, où siègent nos capacités de nuances, de curiosité, de réflexion (ce que vous êtes en train de faire). Une zone qu’il est possible de muscler par des exercices concrets. Les manageurs présents ont joué le jeu d’un échantillon de cette gymnastique intellectuelle. Avec tout de même le sentiment qu’un exercice régulier s’imposait !
Là encore, le témoignage d’un coach mental est venu illustrer l’intervention théorique. Christian Target (quatrième photo, à droite), auteur du « Manuel de la préparation mentale » a émaillé son propos d’exemples venus en droite ligne du monde du sport. Coach d’équipes olympiques, il travaille à détecter le petit élément, souvent non verbalisé, qui va empêcher l’athlète de gagner la fraction de seconde décisive. La concentration s’appuie sur une bonne dose de confiance et de motivation, elles-mêmes fondées sur la maîtrise de ses « émotions », de son « énergie » et l’« estime de soi ». Un des éléments de ce triptyque est défaillant, et la performance ne sera pas au rendez-vous.
Un Club, cinquante adhérents et trois partenaires
Le Club Références Fertiles a été créé en 2004 par Michel Bonneau (Gaïa Conseil), Bernard Menez (BM Evènement) et Catherine Deger (Référence-appro.com). Il propose à ses adhérents cadres de la distribution agricole un cadre de réflexion et d’échanges sur le management lors d’un atelier d’une journée en région (trois thèmes proposés chaque année) et d’un séminaire de deux jours. Trois partenaires accompagnent son travail et participent à chacune de ses manifestations : Bayer CropScience, Maïsadour Semences et Goëmar.
Les interventions sont disponibles pour les membres du Club sur le site referencesfertiles.com