Les coopératives céréalières affichent une croissance en 2023 mais recherchent un soutien financier
Par Stéphanie Ayrault | Le | Conseil & distribution
En 2023, les coopératives céréalières ont enregistré un chiffre d’affaires global de 65,7 milliards d’euros, en hausse de 2,2 milliards par rapport à l’année précédente. Cette progression, portée par les grandes structures et la flambée des prix des matières premières agricoles, masque des disparités entre coopératives. Face à ces enjeux, un soutien financier est jugé indispensable pour préserver leur compétitivité et moderniser leurs outils de production.
Les coopératives agricoles spécialisées dans les grains ont enregistré en 2023 un chiffre d’affaires global de 65,7 milliards d’euros, en hausse de 2,2 milliards d’euros par rapport à 2022 (55,9 milliards d’euros), selon les données publiées par le HCCA (Haut Conseil de la Coopération Agricole) le 31 janvier 2025. Cette augmentation s’explique principalement par :
- Les plus grandes coopératives (celles dont le chiffre d’affaires dépasse 500 millions d’euros), qui jouent un rôle moteur dans cette croissance.
- La hausse des prix des matières premières agricoles (MPA), qui a contribué à dynamiser le chiffre d’affaires.
Cependant, cette croissance masque des disparités importantes entre les coopératives de tailles différentes.
Des marges modestes et une rentabilité sous pression
Bien que la marge d’exploitation (Ebitda) des coopératives céréalières ait légèrement progressé, passant de 3,28 % en 2022 à 3,31 % en 2023, ces chiffres restent faibles.
- Les coopératives avec un chiffre d’affaires inférieur à 100 millions d’euros ont vu leur taux d’Ebitda baisser de 3,08 % à 2,44 %.
- En revanche, les grandes coopératives ont connu une petite hausse, passant de 3,23 % à 3,29 %.
Un autre indicateur est le ratio de Capacité d’Autofinancement (CAF), qui est passé de 1,91 % en 2022 à 1,64 % en 2023. Cette diminution reflète :
- La hausse des taux d’intérêt, augmentant les frais financiers des coopératives.
- L’augmentation des coûts des intrants (engrais, semences, etc.) et de l’énergie, qui pèsent lourdement sur leur rentabilité.
Un modèle coopératif sous pression
Malgré ces résultats en demi-teinte, les coopératives jouent un rôle important dans le monde agricole. François Macé, président de la section économique et financière du HCCA, rappelle les défis structurels auxquels elles font face :
« Les coopératives doivent assurer une rémunération équitable à leurs associés, moderniser leurs outils de production et anticiper les crises. Même si le modèle coopératif est résilient, un soutien financier sera indispensable pour rester compétitif, notamment à l’international. »
Si les chiffres montrent une certaine stabilité, le secteur doit relever des défis majeurs pour maintenir ses performances et sa capacité d’innovation.
Vers un fonds pour soutenir les coopératives en difficulté
Pour aider les coopératives les plus vulnérables, le HCCA travaille sur la création d’un fonds de renforcement destiné à celles qui ont des difficultés financières. Ce fonds, dont la dotation pourrait atteindre 500 millions à 1 milliard d’euros sur cinq ans, vise à injecter des capitaux à long terme, moins exigeants en termes de rentabilité.
« Ce fonds doit offrir des solutions stables, avec des capitaux longs qui inspirent confiance et soutiennent les coopératives fragilisées », explique François Macé.
Les données du rapport, réalisées avec La Coopération Agricole, proviennent des comptes 2023 de 135 coopératives et groupes coopératifs. Ces structures représentent plus de 55 % du chiffre d’affaires total de la filière céréalière.