Bandes enherbées : un levier simple et efficace pour la gestion de l’eau en agriculture

Définition et intérêt agronomique

Les bandes enherbées sont des couverts végétaux permanents, implantés en bordure ou au sein des parcelles agricoles. Leur largeur minimale réglementaire est de 5 mètres (directive nitrates, BCAE). Elles agissent comme des filtres naturels, capables de piéger 70 à 90 % des polluants issus du ruissellement (nitrates, produits phytosanitaires), tout en limitant l’érosion et en favorisant l’infiltration de l’eau dans le sol.

Dimensionnement : que dit la réglementation ?

• Largeur minimale : 5 m (obligation réglementaire).

• Largeur conseillée pour l’efficacité hydrique : 10 m.

• Surface d’intérêt écologique (SIE) : 1 m linéaire de bande = 9 m² de SIE si la largeur est comprise entre 5 et 10 m.

• Positionnement stratégique : fond de vallon, bas de pente, bords de cours d’eau, chemins ou fossés.

Une bande de 100 m de long sur 6 m de large représente 600 m², soit 0,06 ha de surface valorisable en SIE.

Implantation : étapes et espèces à privilégier

• Préparation du sol : deux déchaumages légers, faux-semis recommandé.

• Semis : en surface (1 cm), au semoir à céréales, roulage indispensable.

• Période idéale : printemps ou début d’automne.

• Mélanges recommandés : graminées + légumineuses locales pour une bonne couverture et une bonne résistance aux adventices.

Gestion et entretien

• Fauche ou broyage : 1 à 2 fois/an, hors période d’interdiction (souvent du 1^er mai au 15 juillet).

• Exportation de la biomasse : recommandée pour éviter l’enrichissement du sol et préserver la diversité floristique.

• Zéro intrants : interdiction d’apporter engrais, phytos, ou de stocker du matériel.

• Gestion des adventices : broyage ciblé (ex. chardons) possible à 4-6 semaines d’intervalle.

Financements disponibles

• Aides PAC : éligibilité aux SIE et dispositifs MAEC.

• Aides locales :

  • Jusqu’à 500 €/ha/an pendant 3 ans pour l’implantation et la compensation de perte de production, selon les projets et territoires.

  • Aides aux semences (25 % HT).

  • Prise en charge jusqu’à 80 % des coûts dans certains cas (ex : Bretagne, plan 500 000 arbres).

• Procédure classique : dossier + devis → validation → factures → versement.

Matériel nécessaire et coûts indicatifs

Implantation :

• Semoir à céréales, rouleau pour assurer le contact sol/graine, herse étrille pour faux-semis et la gestion des adventices.

Entretien :

• Faucheuse rotative ou broyeur pour la coupe annuelle ou biannuelle.

• Éventuel matériel d’exportation.

Par exemple pour 100 m linéaires x 6 m de large, il faut compter 17 à 25 € pour la mise en place (préparation, semis, semences, mécanisation) et 7 à 8 € d’entretien annuel (fauche/broyage, main d’œuvre).

Bonnes pratiques

• Adapter les espèces au contexte local (graminées, légumineuses) pour une bonne couverture et une résistance aux adventices.

• Privilégier les mélanges rustiques pour limiter les interventions.

• Respecter la période de non-fauche pour protéger la faune et privilégier la fauche à l’exportation pour limiter l’enrichissement du sol et éviter l’étouffement du couvert.

• Associer bandes enherbées et haies pour des effets cumulatifs sur la biodiversité et la rétention d’eau.

• Adapter largeur et positionnement à la topographie pour maximiser la réduction du ruissellement.
  
  

Pour aller plus loin : Bandes enherbées, un document mis au point par le projet IBIS, Intégrer la Biodiversité dans les Systèmes d’exploitations agricoles de la chambre